26 avr. 2008

Kathmandu... le choc!

Au premier matin, lendemain d'une nuit plutôt mouvementée, des bruits de toilette, des chiens qui aboient, des voitures qui klaxonnent, des moustiques qui font biz-biz et cette étrange cloche qui résonne sans arrêt dès le lever du soleil... c'est mon premier vrai contact, bruyant, avec Kathmandu.
Faut d'abord dire que l'aventure et le dépaysement ont vraiment commencés dans l'avion. Étant sans aucun doute le seul occidental du vol Royal Air Nepal en partance de Hong Kong, les 4h30 m'ont semblé une éternité. Entouré d'enfants en manque de ritalin, de gens qui parlent fort et qui se promènent de long en large dans l'allée centrale, une voisine de siège à l' haleine fétide... j'avais hâte de mettre les pieds au sol, (m'imaginant que tout allait être plus calme)
Quand l'avion commence sa descente, j'aime bien jeter un coup d'oeil par le hublot et apprecier l'étendue de la ville vue du ciel... en cette fin de nuit, la mer de lumières est souvent impressionnante (je me rappelais de Istanbul il y a deux ans)... mais à Kathmandu: rien, ou presque... l'impression d'atterrir dans une ville fantôme... j'ai vite fait de comprendre que le pays est soumis à des coupures de courant à des heures plus ou moins régulières, résultat d'un rationnement qui affecte vraiment tout le monde.
L'aéroport n'a rien de très international, aucune activité, presque désert, si ce n'était des nombreux agents de douane qu'on semblait sortir de leur sieste. Je crois pas que l'endroit ait beaucoup changé depuis 50 ans, un étrange look post-colonial britannique (alors que le Népal a toujours été indépendant), poussiéreux, aucun ordinateur, aucun resto... Les gardiens nonchalants m'ont signé ma demande de visa, malgré le fait que je n'avais pas de photos de passeport comme le document l'exigeait. D'un haussement d'épaules, il a semblé vouloir me faire comprendre que ça lui câlissait pas grand chose. Il fallait ensuite passer au détecteur de métaux APRÈS avoir atterri... je pense que même le surveillant trouvait ça lui aussi un peu ridicule, plus intéressé à jaser avec son collègue qu'à regarder son écran.
Comme il était tard, je suis embarqué avec le premier des nombreux fatiguants qui t'accostent à la sortie de l'aéroport pour t'offrir une chambre d'hotel. Mais j'ai commencé sur un bonne note en lui faisant baisser le tarif de 15$ à 10$... faut toujours bien que mon expérience au Moyen-Orient me serve un peu!
Dans son minibus, la "ride" de malade a commencé rapidement. Qui dit pas d'électricité, dit pas de lampadaires ni de feux de circulation, alors c'est dans la noirceur et l'anarchie totales que les voitures se dirigeaient dans tous les sens, en klaxonnant sans arrêt, sans raison... un vrai sport national!! j'ai découvert qu'on klaxonne pour prévenir qu'on s'en vient, on klaxonne pour dire qu'on est là, et on klaxonne pour remercier de nous avoir laissé passer (et sans compter les fois ou on klaxonne pour les bonnes raisons ou qu'on a accroché le volant)... et je peux vous dire qu'après quelques jours (et quelques nuits), t'as vraiment envie d'en assassiner un pour servir d'exemple...
Le lendemain donc, c'est la lancée dans le vide, je sors de l'hotel et je choisis une direction au hasard. Le choc est brutal. Je pensais que la Syrie ou certains recoins de l'Égypte atteignaient des sommets de pauvreté, de crasse et de pollution, mais Kathmandu remporte vraiment la palme du chaos le plus total qu'il m'ait été donné de voir. Je dirais que c'est une épreuve ultime pour tous les sens ( surtout l'odorat, durement mis à l'épreuve). Disons aussi que j'ai pas pris la bonne direction pour contribuer à créer la meilleure impression... il fallait plutôt se diriger vers le quartier Thamel, celui dédié entièrement aux touristes! voyons, mais c'est bien sûr! Il faut dire que l'endroit a son charme, même si les ruelles étroites n'effraient pas les voitures, motocyclettes et vélos qui se battent avec les tourites (à coups de klaxon, bien sûr) pour se frayer un chemin. Mis à part ça, c'est une symphonie de couleurs et d'odeurs (des bonnes cette fois-ci) et une chance d'établir un premier contact tout en douceur avec le Népal. Comme le quartier Sultanahmet de Istanbul ou le Vieux quartier de Damas, en Syrie, c'est un endroit qui crée une dépendance parce qu'on peut facilement y trouver ses repères, rencontrer ses semblables, bouffer des mets qui ressemblent à quelque chose qu'on connait et surtout, se faire royalement crosser en toute légalité par les milliers de vendeurs qui s'y trouvent.
Mais faut quand même pas charrier, le taux de change étant largement en notre faveur 1$= 60Rupies) , on peut bouffer pour 3$, acheter des souvenirs faits à la main pour 5$, et surfer l'internet pour 0,50$/heure... donc on se fait jamais vraiment avoir. Mais la tentation de tout acheter est constante. Je me considère pas comme un compulsif, mais quand je vois des choses originales, faites à la main, et qui coûteraient 100 fois le prix chez nous, ça me donne le goût de dévaliser la place.
Le truc le fun, c'est lorsque tu t'enfonces dans les ruelles de Thamel, tu peux facilement te perdre et découvrir des endroits assez hallucinants. Les temples dédiés aux multiples divinités sont incalculables, chaque coin de rue ou presque est habité d'une idôle qu'on peut vénérer rapidement (on peut lui donner du riz ou des fleurs, ou mieux:faire résonner la fameuse cloche et ainsi éloigner les mauvais esprits... c'est toujours plus le fun de faire du bruit...)... et les gens qu'on y rencontre cessent aussi de chercher à te vendre quelque chose, (la plaie la plus insupportable de Thamel...)


une des rues plus populaires du quartier Thamel, le refuge des backpackers ou des simples touristes



Durbar Square

Ça fait pas longtemps que je suis ici, on peut pas tirer des conclusions aussi rapidement, mais après avoir vu plusieurs grandes villes de pays en développement, on peut quand même se permettre de lancer quelques observations....
C'est étrange à dire, mais je crois pas que ce soit possible d'aimer une ville comme Kathmandu sans faire preuve d'une très grande hypocrisie.
Elle est trop chaotique, il y a trop de choses qui ne fonctionnent pas, il y a trop de gens dans la misère, trop de ces choses dont la planète entière cherche à se débarasser (ou du moins à corriger). Kathmandu n'a plus de souffle pour rattraper son retard sur les autres grandes capitales du monde, c'est une ville médiévale dépassée par la globalisation et la modernité, c'est un peu une ville perdue... c'est triste plutôt qu'inspirant... et dire qu'on l'aime, c'est un peu insulter l'intelligence de ces gens qui tentent de s'en sortir et qui n'y réussiront probablement jamais... on peut l'aimer, comme un visiteur pouvant s'offrir le luxe de la quitter quand bon lui semble. C'est pas vraiment inconditionnel. C'est pas de l'amour... C'est juste de la curiosité pour la différence et de la nouveauté. Et ça fait toujours son temps.
Je laisse le mot de la fin à mon chauffeur de taxi : "Kathmandu no good. Nepal people crazy". (Juste avant de faire un U-turn sur une autoroute à 4 voies, en pleine heure de pointe)

1 commentaire:

Toniks a dit...

Salut !

Je découvre ton blog par hasard sur google, il a l'air sympa :-)

Je viens de réserver mes vols pour Kathmandu, je vais séjourner un mois au Népal... merci pour ces premières impressions!

Toni