QUITTER LA JORDANIE

Aqaba, dernier arret avant de prendre le traversier pour Nuheiba, en Egypte. Pas grand chose a voir ici, dans cette ville aux allures plutot mediterranennes (j'ai vu mon premier McDo depuis longtemps!! vive la civilisation!).

J'ai donc passe une seule nuit dans l'hotel le plus bruyant de mon voyage. J'ai meme du me lever deux fois pendant la nuit et leur faire un speech le lendemain sur l'art de prendre soin des clients... Dans l'attente de mon traversier, je suis alle m'efoirer sur la plage privee de l'hotel Intercontinental, en pretextant que j'allais rejoindre un ami qui dort a cet hotel. J'ai utilise souvent ce stratageme pour profiter des endroits luxueux, sans avoir a payer une chambre, mais cette fois-ci, le prepose m'a demande le numero de la chambre de cet ami en question... je lui ai repondu que je ne savais pas... croyant m'en etre sorti, il me demande par la suite quel est le nom de cet ami, pour qu'il puisse verifier sur son ordinateur... je ne sais pas pourquoi, mais le premier nom qui m'est venu en tete est "Will Smith", ca semblait etre un nom assez generique pour sembler americain... le gars me regarde. "Like the actor?"... "yes" que je lui ai repondu... je me sentais un peu cave mais j'ai ete sauve par un de ses collegues venu s'interposer pour un autre probleme...

Le traversier pour l'Egypte avait, comme de raison, plusieurs heures de retard mais ca ne semblait deranger ou surprendre personne. Lorsque des autobus de transit, servant a embarquer tout le monde sur le traversier, ont ouvert leurs portes, je fus sidere de voir tous les egyptiens jouer du coude et s'engueuler comme des enfants pour pouvoir y entrer... j'ai demande a un agent si je devais moi aussi me battre pour m'assurer une place, et il m'a repondu en haussant les epaules que non, il y aura de la place pour tout le monde et que les egyptiens adorent seulement se tapocher entre eux, sans raisons... ca promet!

Arrive a Nuheiba, le bordel le plus assomant nous attendait: du monde partout, des gens qui crient, des chauffeurs de taxi qui te sifflent, des agents de douane qui s'engueulent, aucune indication vers la sortie, des gens qui te depassent dans la file pour la douane, aucun guichet automatique pour retirer de l'argent... j'ai juste pas hate de voir le Caire si un simple poste frontalier est aussi bordelique!!! par chance, j'arrivais a Dahab, un petit resort super cool, dans un hotel tout juste au pied de la mer Rouge...

WADI RUM (Jour 2)

Je me suis fait un peu avoir en acceptant l'offre d'un tour de jeep avec Youssef. Pour plusieurs raisons: a) son suppose "Jeep" tombait en morceaux , b) le montant du "tour" etait un peu trop eleve et c) il a chante au moins 50 fois a tue-tete "Frere-Jacques" ( la seule toune francaise qu'il connait) ... je regrettais de ne pas plutot avoir accepte le tour en chameau... son odeur aurait ete plus supportable que la grosse voix de tenor poche de Youssef.

Donc un tour qui devait durer 3h n'a pris que 1h30, (principalement parce que j'avais couvert la meme distance la veille) et j'ai prefere terminer ma visite a pied plutot que de risquer ma vie dans son cercueil a 4 roues.

J'avais calcule 6h de marche pour realiser la boucle indiquee sur la carte, et comme celle-ci n'etait pas tres bonne, ca m'en a pris au moins 8 pour arriver pile avant le coucher du soleil... Une journee super eprouvante mais tres, tres satisfaisante... Il ventait beaucoup par moments, mais ca avait au moins l'avantage d'eloigner les mouches les plus acharnees et achalantes que j'ai jamais vues (surement des mouches bedouines)

Et si je m'entete a oublier de me mettre de la creme solaire, je vais me retrouver avec un nez de sphinx au retour...

WADI RUM (jour 1)

Toffe de quitter Petra tot ce matin, un peu la larme a l'oeil, (snif!) mais apres trois jours, je sens que je lui ai fait honneur...

A quelques kilometres de la, plus au sud , et empruntant un mini-bus rempli de fumeurs, je me suis retrouve dans le village de Rum, habituel point de depart pour visiter la mega reserve du Wadi Rum, endroit hallucinant ou plusieurs sequences du film "Lawrence d'Arabie" ont ete tournees (ceux qui ne se sont pas endormis avant la fin vont s'en souvenir)...

L'ampleur de l'endroit, son immensite, vous jette completement par terre. Le sens des distances aussi est fortement perturbe: une montagne qui ne semble etre qu'a une heure de marche peut en prendre finalement deux, et ici encore, on marche pendant des heures sans rencontrer personne... Magnifique!!!

je laisse parler les images, parce que les mau me manke poure esprimer ma pansez ...

HISTOIRE DE CHAMEAU (Part 1 : fucking tourists)

De tous les bedouins de Petra, Jeff (probablement un diminutif de "Mohamed") fut probablement le plus achalant.
Ca m'a bien pris 20 minutes pour me debarasser de lui (et de son chameau) a l'entree du site, et un autre 25 minutes a la sortie, en toute fin d'apres-midi.
Jeff est le type qui te tombe tout de suite sur les nerfs, avec sa facon extremement fatiguante de te parler a deux pouces du visage, comme si t'etais une page du Coran.
Restant calme et poli, je lui laissai savoir que je n'etais pas interesse a sa promenade a dos de chameau, et que je preferais marcher, a mon rythme.
En fait, depuis le debut de mon voyage, je me suis toujours fait un devoir de faire preuve de tact et de patience avec les autochtones, meme les plus harcelants. Un peu comme Celine a Vegas, je suis moi aussi une sorte d'ambassadeur canadien et je me dois d'etre a la hauteur de mon venerable passeport au Moyen-Orient.
Donc, si Jeff insiste pour que j'enfourche son chameau et qu'a bout de patience, je lui reponds : "Maybe tomorrow", on est tous d'accord que ca veut dire: " sacre-moi patience avec ton osti de chameau"... c'est ecrit noir sur blanc dans mon livre "diplomatie for dummies".
Mais Jeff ne l'a pas entendu de cette facon et c'est plus tard que j'appris qu'il avait passe la matinee a m'attendre, a l'entree du site, le lendemain.

C'est au moment de deguster mon 526e shish taouk en 3 mois, le lendemain soir, que Jeff est apparu dans le restaurant et se planta aggressivement devant moi. Sans sa casquette des Patriots de Pittsburgh, le crane liche comme un poussin, j'ai bien pris 10 secondes a le reconnaitre.
"Remember me?" qu'il me demande, avec le ton de Robert de Niro dans "taxi driver".
"Jeff! How are you?" lui repondis-je, la bouche pleine.
" Not good"
Comme il avait l'air de vouloir me sauter a la gorge, je me suis depeche de faire descendre ma bouchee. Etrangement ( ou stupidement), ma prochaine question fut:
"so, how is business?"
"Bad! because all fucking tourists, they just want to walk!"
Si j'avais a ecrire une suite a "Pulp Fiction", je jure que je ne manquerais pas d'y ajouter un chamelier, sous les traits de Joe Pesci, juste pour le plaisir de lui faire dire cette ligne.
Sur le coup, je me suis demande si j'allais devoir me battre pour avoir refuse un tour de chameau. Ca me ferait une belle histoire a raconter au retour, si seulement j'avais la certitude je revenir vivant...
Secouant la tete, je repondis:
" damned tourists!"
Etrangement, aussi epaisse que cette reponse puisse paraitre, ca lui a totalement calme les nerfs... il a vu en moi le confident, le gars pret a echanger sur l'injustice dont les chameliers sont victimes, et sur l'insupportable manie qu'ont les occidentaux de vouloir marcher...
On a donc discute pendant une heure , a refaire le monde, creant un paradis ou les touristes n'auraient pas de jambes et les chameliers domineraient le monde.
J'ai refuse son offre de me payer mon souper... Ca l'a un peu refroidi et insulte, mais je n'avais pas le choix: la premiere chose que tu veux eviter avec un chamelier, c'est de lui etre redevable... car si c'est le cas, aucune issue diplomatique possible: j'aurais ete oblige de passer ma prochaine escale a Petra sur son osti de chameau.

PETRA (jour 3 : Mon pacemaker fait "prout")

Suzanne, de l'hotel Petra Gate, m'avait fait part de son expedition de la veille, a dos de Donkey: 5h de marche pour atteindre les hauteurs vertigineuses du site de la tombe de Aaron, le frere de Moise.
C'est pas tant pour le symbole religieux que pour le defi physique que je me suis lance a l'assaut de ce geant, mettant a l'epreuve mes mollets, et surtout mes poumons, encore enfumes par le Nargile des deux derniers mois... et je dois dire, je m'en suis pas mal trop sorti. Mon bronzage a vire au mauve mais je me suis permis une petite sieste pour reduire de moitie mes pulsations cardiaques...

vue totalement hypnotisante, du haut de la mosquee de Aaron

retour vers le site de Petra, a mi-chemin

invitation a prendre le the par une famille de bergers.

PETRA (jour 2: Je me pince les yeux pour y croire)

Je me retrouve seul en cette seconde journee, mais je sais deja dans quelle direction me garrocher: des l'entree du site, une pancarte indiquant "danger de s'aventurer seul, sans guide" vers le sentier nomme "Tunnel" reveille l'Indiana Jones en moi et je me lance sans aucune retenue.

Totalement magnifique. Le "Tunnel" consiste en une vallee hyper-etroite d'environ un metre, serree entre deux murs de 30 metres de haut, creusee probablement par une riviere depuis assechee.

On se perd dans ce labyrinthe pendant environ une heure, avant de ressortir, de l'autre cote du site, dans la zone ou les bedouins habitent encore les grottes creusees dans le roc, il y a plusieurs millenaires.

Les Bedouins vivent principalement de la culture de la chevre, mais ils excellent dans le harcelement du touriste en tentant de leur vendre n'importe quelle gogosse, tour de chameau, de poney, de cheval, etc... je dois dire qu'il est meme impossible de faire 20 pas sans se faire achaler.

Un des autres avantages de s'ecarter des sentiers battus....

Le "Tunnel"

Les habitations du Mughar an-Nasara

La tombe de Sextius Florentinus (la seule identifiee grace aux inscriptions latines a l'entree)

Monnaie du pape turquoise sur fond saumon

PETRA (jour 1: La coulee de bave)

Petra!

Sans aucune hesitation, un des moments forts de mon voyage. Site incontournable de tout le moyen-orient.

J'ai ce lieu en tete depuis ma premiere lecture de "Coke en Stock" de Tintin, et j'avais appris plus tard que cet endroit existait vraiment.

Situe a l'exterieur du village de Wadi Musa (qui ne vit pratiquement que du tourisme relie au site), c'est un endroit tellement vaste qu'il faut plusieurs jours, selon certains, pour en faire convenablement le tour. Comme on s'en doute, c'est aussi un site extremement achalande, et le vrai bonheur est, encore une fois, dans le hors-piste.

C'est donc accompagne de mes 3 nouveaux chums du Petra Gate Hotel que j'ai entame la premiere des trois journees consacrees a cet endroit mythique.

La fameuse "Tresorerie"

vue derriere le "Umm Al-Biyara"

Marouane, Ena et Marcelo d'Arabie

Au sommet de la "Haute Place de Sacrifice"

DESERT CASTLES

Le fun a commence a l'exterieur des limites de la ville. Lorsque j'ai entendu dire a l'hotel que deux hollandaises avaient booke un taxi pour la visite de 3 chateaux dans le desert jordanien, je me suis joint a elles sans hesitations. Pratique puisqu'on se partageait les frais (quand meme eleves) pour une journee entiere de visite.

Les chateaux n'ont pas de la taille ni l'importance de ceux des croises, construits quelques centaines d'annees plus tard. Et ce ne sont pas veritablement des chateaux non plus, seulement des "inns", des hotels ou des lieux de detente pour les marchands de passage, mais admirablement situes et conserves. Leur emplacement est tellement sauvage et eloigne qu'on se demande ce qui a bien pu les motiver a choisir ces sites, sauf peut-etre le Azraq Castle, situe tout pres d'un lac (completement asseche depuis 15 ans seulement).

La route qui relie ces chateaux traverse un desert qui s'etend a perte de vue, complement denude. Seulement plusieurs batiments militaires se hissent entre les dunes, specialement le tres impressionnant centre de formation des policiers irakiens. Je n'ai jamais vu de ma vie un endroit aussi bien protege. Des tanks, des hummers, des blocs de beton hauts comme des tours (pour proteger des attentats-suicides), des tourelles de garde armees de mitraillettes... T'as carrement le reflexe de te serrer les fesses quand tu passes devant, souhaitant que le chauffeur poursuive en ligne droite, sans aucun mouvement brusque...

QASR AL-HARRANA

QASR AL-AZRAQ

QUSEIR AMRA

AMMAN

La traversee de la frontiere s'est faite sans trop de mal. Ca niaise pas du tout avec le passeport canadien. Mais des nouveaux amis, Claire et Iain, m'ont prete de l'argent puisqu'il n'y avait pas de guichet a la frontiere et la douane n'accepte pas autre chose que des Jordanian Dinars pour payer le visa de sejour.
Je ne m'attendais a rien du tout concernant Amman, surtout lorsque j'ai lu que la ville n'etait habitee que par 2000 habitants il y a a peine un peu plus de 100 ans... ce qui laisse sous-entendre un urbanisme douteux pour accomoder les presque 2 millions qui la peuplent maintenant... et je ne me suis pas trompe. Il n'y affreusement rien a y faire et a y voir. C'est completement desoeuvre que je me suis laisse tente par le dernier James Bond, en plein milieu d'apres-midi...