Avant de quitter (enfin!) Dubai, je marche dans les allées sans fin de l'aéroport et jetant un regard sur l'écran des départs je vois Munich, Milan, Rome... et je deviens nostalgique.
Maudit, je prendrais bien un vol en sens inverse, pour retrouver l'Europe, me remettre les pieds sur la Via, m'asseoir sur une terrasse pour manger une pizza!!... une émotion si forte que si on me disait que je devais refaire le même chemin en sens inverse, je le ferais sans hésiter! Mais bon, ce n'est qu'un au-revoir, promis.
C'est fou, je n'ai pas encore terminé ce voyage que je fantasme sur le prochain!
Je retrouve donc le luxe de la ligne aérienne Emirates, mais avec beaucoup de trucs qui ne fonctionnent pas trop: le bluetooth, la prise de courant, les écouteurs qui grichent, l'écran tactile qui ne reconnaît pas mon index… c'est vraiment pas leur classe économique qui les met sur la liste des meilleures lignes aériennes au monde. (Mais au moins, le siège est libre à côté du mien, et les hôtesses sont toujours aussi cutes!)
Coincidence: la fille à côté de moi dans l'avion lisait le même exact livre que moi... (Proust, Du côté de chez Swann), mais en hongrois! Quel hasard!
De la verdure, un ciel bleu, de l'espace, une température très douce, et vraiment pas trop de bruit... Shanghai est un beau clash avec Dubai, aucun doute!
Je suis enfin dans cette ville, pourtant si proche de Hong Kong (où j'ai vécu pendant quelques années)… je me sentais presque gêné de dire que je n'y avais jamais mis les pieds. Mais je dois dire que, lorsque j'habitais à Hong Kong et que j'avais quelques jours de congé, j'étais plus curieux de partir découvrir la culture des pays de l'Asie du Sud-est, me disant que les grandes villes chinoises modernes et surpeuplées pouvaient bien attendre un peu.
Et là, Shanghai avait assez attendu! Me voici!
La Chine m'a toujours à la fois laissé curieux et perplexe, et encore à ce jour, je ne suis pas si pressé de découvrir ce pays en profondeur, je me dis que, un jour, je "devrai" en faire le tour ou du moins en explorer les centres d'intérêt. Mais j'ai cette image superficielle des grandes villes que la récente prospérité chinoise a fait explosé, stimulant cette obsession de la consommation et de l'argent, et rasant du même coup une histoire millénaire et des quartiers traditionnels à l'architecture unique…
Parce que Tianjin (où je me rends presqu'à chaque année depuis 10 ans!), et ses 15-20 millions d'habitants, a d'autres priorités que la mise en valeur du patrimoine culturel chinois, c'est une mégapole strictement commerciale et industrielle... je m'attendais à peu près à la même chose de Shanghai
Mais elle avait le potentiel d'être différente.
J'étais intrigué par le clash qui eut lieu entre la culture chinoise et les multiples concessions occidentales, ces portions de territoires sous juridiction étrangère du milieu du 19e siècle jusqu'à la fin de la 2e guerre mondiale. Ce mix de culture cosmopolite qui cohabitait et s'influençait mutuellement ne pouvait que donner des résultats intéressants, même près d'un siècle plus tard.
Mon premier arrêt fut donc le magnifique quartier de la "french concession"
Je dois dire que ce matin, ça me paraît un peu surréel de marcher dehors sans sentir cette oppressante chaleur, comme ce fut le cas chaque jour au Moyen-Orient… il fait chaud à Shanghai, mais c'est très confortable grâce à une légère petite brise, et je suis surpris aussi par le calme et la tranquilité du quartier dans lequel je me trouve, malgré l'heure de pointe matinale.
Le métro fonctionne à merveille (le plus grand du monde, avec 508 stations!) et me rappelle celui de Hong Kong (je me demande même si la voix qui annonce la prochaine station, ou la fermeture des portes, est la même?). La "french concession" ressemble beaucoup au quartier Wudadao ("Five Great Avenues") de Tianjin, le même style architectural, un raffinement colonial, des belles maisons de briques recouvertes par d'immenses platanes qui laissent tomber leurs grosses feuilles sur la chaussée. On pourrait dire un "oasis" dans cette mer d'édifices modernes qu'est Shanghai, mais même dans les districts plus récents, on trouve quand même de l'espace, de la verdure et un relatif silence qui donne un aspect plutôt paisible à la ville (je dis "relatif", parce que j'arrive quand même de Dubai!)
J'ai eu du plaisir, en chemin, à visiter quelques petits musées sans prétention… le Shanghai Museum of Arts and Crafts, qui présente une exposition de magnifiques statues sculptées dans l'ivoire ou le bois, ainsi que plusieurs oeuvres variées d'artisanat ancestral mises en valeur dans différentes pièces du rez-de-chaussée, où on voit les artistes à l'ouvrage.
Puis un rapide passage au petit Xuhui Art Museum (ci-dessous) mettant valeur de superbes représentations de la ville brodées de minces fils de soie… une précision, une dextérité et un savoir-faire sidérants!
Mais bon, on n'échappe pas au kitsch non plus! Les chinois en raffolent!
Comique: plusieurs urinoirs avec un petit but de soccer au milieu... on dit que ça fait baisser les frais de nettoyage de 8%. Pisser droit n'a jamais été aussi économique et ludique!
Au Bund, cette promenade au bord de la rivière Huangpu, avec un panoramal exceptionnel sur les édifices "signature" de Shanghai… un vrai feel de Hong Kong ici, avec ce harbour et ces buildings historiques coloniaux, qui ont tellement bien vieilli. Incomparables. On dira ce qu'on voudra sur l'époque coloniale, mais en ce qui touche l'architecture, les envahisseurs ont contruits des bâtiments magnifiques, faits pour durer, pour imposer, pour démontrer la grandeur et la suprématie de l'empire britannique. Les chinois locaux devaient être en émoi devant tant de somptuosité, imposant ainsi admiration et respect. Des structures faites pour être éternelles, même si les empires finissent toujours par s'effondrer.
Un groupe d'asiatiques veut se prendre en photo avec la corniche en arrière-plan, et au moment où ils s'apprêtent à déplier une banière ils sont aussitôt encerclés de policiers qui les force à tout remballer… c'était sûrement uniquement le nom de leur association, mais ici on se méfie des activistes qui cherchent à foutre le bordel, on ne prend aucune chance!

J'ai ensuite passé pas mal de temps sur la Fuzhou Road, repère de librairies, boutiques de matériel artistique, de galleries d'art traditionnel… j'ai vraiment beaucoup aimé! Tant de belles choses qui m'ont réconcilié avec la culture chinoise, dont le raffinement artistique est trop souvent bien caché derrière le béton et les grosses marques de luxe.
Je traverse le People Square mais le Shanghai Museum est complet pour la journée. Je reviens vers la concession française, découvrant la petite enclave de Tianzifang, d'abord un quartier résidentiel construit dans les années 30, une solide opposition a réussi à empêcher sa démolition en 2005 et est devenu ensuite une zone piétonnière d'artisans, de studios d'art, de boutiques, cafés et bars… un bel havre de tranquillité qui permet de terminer une journée frénétique dans le calme!
Content de me remettre à boire après une pause d'alcool de 10 jours au Moyen-Orient!
Une très sérieuse partie de Mahjong dans la rue...
Au retour vers mon hôtel, je me trompe de sortie de métro et je dois marcher une bonne demi-heure de plus. Mais je ne suis pas pressé, et je passe devant un stand de Jianbing, cette crêpe traditionnelle garnie et croustillante, que j'adore! Certainement un de mes mets chinois préférés. J'en commande une mais je ne peux comprendre ni répondre aux questions du cuisinier, c'est alors qu'une femme me vient en aide. Elle venait de commander le sien et me suggère la meilleure garniture, dans un excellent anglais. On placote un peu. Puis quand vient le temps de payer, elle me dit qu'elle avait payé pour nous deux. "My pleasure!" qu'elle me dit avec le sourire, et elle part sans rien demander de plus. Je ne m'attendais vraiment pas à ça, alors que c'est moi qui aurait du payer pour la remercier de son aide.
Décidément, Shanghai fait tout pour me séduire!























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