6 avr. 2010

Rise and Fall of a Hong Kong Movie Star...

Devenir une star du cinéma à Hong Kong, ça change pas le monde, sauf que... ça fait des maudites bonnes histoires à raconter... voici donc:

L’amie d’un ami d’une amie de Joséphine est une réalisatrice qui se cherchait un grand occidental pour jouer le rôle d’un docteur dans son prochain court-métrage.
Je me suis dit naïvement « pourquoi pas? Ce serait drôle!! »…
Je me cédule donc une rencontre avec Catherine, la réalisatrice, qui me lance les grandes lignes du scénario… à première vue, ça me semble facile : pas beaucoup de dialogue, surtout un film d’ambiances, des plans où le Hong Kong "underground" est bien mis en valeur, etc…
Là où ça se précise, c’est lorsqu’elle me dit que l'acteur originalement pressenti pour jouer le rôle du docteur s’est désisté à la dernière minute. Comme il est aussi professeur au primaire, il ne voulait pas créer de scandale…
Euh… what? Scandale?
L'objectif du film est de faire réfléchir sur le traitement réservé aux immigrantes asiatiques lorsqu’elles arrivent à Hong Kong, mettant ainsi à jour quelques « issues » raciales sur lesquelles tous se ferment les yeux…
Et moi, je venais d’accepter le rôle d’un chirurgien névrosé qui se paye une prostituée indonésienne, et qui décide de la frapper pour se défouler….
(Au fond, remplace "chirurgien" par "animateur 3D" et ça ressemble pas mal à moi ça...)
Et, bien sûr, il devait y avoir quelques scènes de nudité...
Genre : moi, tout-nu, en train de varger sur une immigrante...
Enfin, mon rêve de percer dans l’industrie du « soft porn » amateur asiatique se réalise… une chance en or!
Et en plus, si ça pouvait servir à éduquer le monde sur le traitement réservé aux immigrantes, je trouvais que ça me garantissait un karma pas pire.

Sur Hollywood Road (sérieux!) , on étudie les cadrages...

Le tournage s'est étalé sur deux jours.
Le premier soir, c’était facile: je devais me précipiter pour venir un aide à un gars qui venait de se faire frapper par un taxi, question de montrer que je suis un vrai docteur… on a quand même repris la shot plusieurs fois, sous plusieurs angles, et j’ai commencé à comprendre à quel point ça pouvait être long de faire un film…
J’ai fait la connaissance de l’indonésienne sur laquelle j’allais varger le lendemain, Kiki… j’ai jamais su si c’était son vrai nom ou son pseudonyme, car on ne s’est pas vraiment jasé de toute la durée du tournage… et je dois dire que ça a contribué largement au réalisme des scènes qu’on allait tourner ensemble.
Le deuxième jour, ça s’est passé dans un hôtel abandonné de Shatin, plus au nord… alors là, chapeau à l’équipe pour avoir trouvé l’endroit parfait! Tout était délabré et poussiéreux, mais pas trop, et gardait encore le look « vintage » brun et orange du début des années 70. Après avoir bien fait le ménage, l’équipe s’est mise à l’ouvrage, car on avait seulement une journée pour tourner les dizaines de scènes.

Kiki, dans la chambre d'hôtel, qui se prépare mentalement à manger toute une volée.

Je me suis mis dans mon personnage assez rapidement. Adoptant les traits perturbés d’un désaxé sexuel. (en essayant qu’on ne me reconnaisse pas trop), j’ai gardé une face sérieuse toute la journée, pendant et après les scènes.
Il y avait donc, pour vrai, une séquence où je devais m’avancer vers le lit et commencer à malmener Kiki. (tout en ayant moi-même le kiki à l'air)
Dans toute ma naïveté d’exhibitionniste amateur, je me suis dit que les lumières, l’angle de caméra, allaient simplement suggérer ma nudité… et bien non… la caméra me colle au cul, en mode « travelling », pendant de longues secondes… assez pour avoir le derrière qui prend la moitié de l’écran…
« Nice butt! Nice butt! » crie Catherine, la réalisatrice (qui, en passant, était supposée crier "cut!")
Je savais pas trop si on reprenait la shot pour les besoins du film ou pour son propre plaisir.
Elle a tout de même décidé de repenser quelques séquences pour qu’on me voit à poil plus souvent.

On n'avait pas vraiment de budget pour les accessoires, mais je tenais quand même à me déguiser... avouez que je suis dur à reconnaitre avec mes grosses lunettes!!

on prépare la prochaine scène....

on déconne un peu, juste avant de tourner la scène où je paye le "pimp" de Kiki.

Bref, pendant une journée entière, presque 12 heures, je me suis habillé et déshabillé plusieurs fois, on a repris plusieurs fois les mêmes séquences, et j'ai attendu longtemps entre les scènes (ce qui est normal) pour que tout soit installé de la bonne façon.... une trrrrès longue journée.

Kiki maganée (et maquillée, on s'entend!)

Le repos du maniaque....
fesser sur une immigrante, ça épuise son homme.


Pendant tout le temps du tournage, je visualisais assez mal le résultat final... une fois les séquences collées bout à bout, est-ce que ça allait se tenir, avoir du sens? Est-ce que j'allais gagner mon premier "Oscar" ou un "Razzie"?...
J'avais des gros doutes sur le texte, sur certains angles, et sur le choix des cadrages... mais bon, je n'étais tout de même qu'un accessoire, et fallait pas trop capoter et faire sa "diva", ça restait quand même un film amateur... (n'empêche, j'avais pas envie de me montrer le cul dans un navet)
Il a donc fallu attendre la projection "officielle" lors du récent festival du film de Hong Kong pour voir le résultat final, en même temps que tout le monde.
Tout content, j'ai envoyé des invitations à quelques amis, mais à mesure que la date de la projection approchait, je me sentais de plus en plus nerveux...
La salle était pleine (100 personnes?), et le court-métrage dans lequel je jouais était le dernier des 10 films sélectionnés à être présenté. Presque tous les films étaient pathétiques, mal joués, mal montés, des scénarios pénibles et des "cuts" vraiment mal foutues....
Je commençais à stresser.
Et j'avais raison.
Quand mon film a commencé, je trouvais que les scènes étaient vraiment bien tournées, les ambiances bien rendues, mais j'ai rapidement trouvé l'histoire plutôt ordinaire, difficile à comprendre, le voice-over pénible, et mon acting pitoyable...
Je trouvais que ça ressemblait à un mix entre "Taxi Driver" et "Aurore l'enfant martyre"...
Et... on me voyait vraiment le derrière en gros plan sur au moins 3 longues séquences...
Je voulais fondre dans mon siège. Qu'est-ce qui faut pas faire pour être célèbre...
Au moins, personne n'a quitté la salle avant la fin, aucune plainte. (Mais aucune ovation non plus)
Même mes amis (Marc, Dominika, Lindsey et Jojo) n'ont passé aucun commentaire... ça sentait le malaise. Mais finalement, tous semblaient avoir trouvé mon film meilleur que les 9 premiers (ce qui ne veut vraiment pas dire grand chose)
Après la projection, Marc m'a félicité pour mon "nice ass" et semblait perturbé par la scène où j'entre dans la chambre et je dis à Kiki "Take off your clothes".... il trouvait que j'avais vraiment une voix de maniaque. Lindsey par contre a pris 3 semaines pour se remettre de son choc et me redonner des nouvelles.
Après le représentation, Catherine la réalisatrice m'a dit qu'elle voulait présenter son film dans d'autres festivals, et qu'elle allait le rendre disponible ensuite sur Youtube...
Et bien sûr, vous aimeriez donc connaitre le nom du film, le nom complet de la réalisatrice, ainsi que la date de téléchargement, et ainsi avoir la chance de visionner ce chef d'oeuvre...
Continuez de rêver...
Ce qui se passe à Hong Kong, reste à Hong Kong! Mon cul ne fera pas le tour du monde sans moi, certain!

5 commentaires:

Unknown a dit...

Tu nous mets au défi, c'est ça? ;)
Ça ne sera pas long avant que Prenoveau trouve ça sur YouTube...!

En tout cas, chapeau! T'as pas mal de guts! En plus du nice ass!

Véronique Meunier - Triathlon a dit...

Ahahahahahaha! Je crois que le pseudonyme de nice ass va te coller au cul (je me trouve drôle en écrivant ce jeu de mot).
Non, mais, félicitations quand même: tu fais ça pour le septième Art!

Luigi a dit...

A-C, Prenoveau est pas aussi wiz-kid que ça... et pas sûr que je sois la première image si tu googles "Asia" et "nice ass"...
TG, tout ça est pour l'amour de l'art, évidemment... (mais j'attends quand même que Hollywood m'appelle... faut battre les fesses pendant qu'elles sont chaudes, comme qu'on dit)

ta soeur a dit...

mouhaaaaa!ha!ha!ha!ha!je ne pensais pas que tu allais faire ça jusqu'au bout!!!et ne t'en fait pas,je n'ai aucuuuuuuuunement l'intention de chercher ce film sur YouTube!!!!!finalement,j'aurais peut-être préféré que tu n'en parle pas!ha!ha!ha!

xoxoxox

Emilie Goulet a dit...

O_o! Ouep, en accord avec Annie-Cat... t'a du guts! Ça reste un défi l'fun de participer à un film amateur... mais se montrer les foufounes à l'écran, ça, ça prend du courage!

Un profil IMDB pour bientôt?

Câlin!
Emilie