30 août 2010

Cambodge - Phnom Penh

Traversier "rapide" de Phu Quoc vers la côte du Vietnam. Ça m'a paru une éternité à cause de la comédie vietnamienne qui jouait à tue-tête à la télé, même mes bouchons ne pouvaient faire obstacle aux cris aigus et insupportables de l'actrice principale...
Ha Tien. Séjour obligé d'une journée dans cette ville côtière du Vietnam, plutôt ennuyante et gardée en vie grâce à son poste frontalier pour le Cambodge.
Je ressentais l'exaltation d'être "on the road again", content d'être en mouvement! Le passage à la douane s'est fait sans douleur, et la route de 3h vers Phnom Penh, dans un taxi confortable, sans trop d'histoires...
La campagne dans cette région est magnifique, verdoyante, propre, les maisons colorées et les temples d'un rouge et jaune vifs. Je ne pensais pas voir une différence aussi marquée entre le Vietnam et le Cambodge. Au loin, au-dessus de Phnom Penh, le ciel orageux était presque noir, et j'ai vu les éclairs les plus hallucinants de ma vie. Certains allaient de gauche à droite et revenaient vers la gauche, d'autres s'étalaient sur tout l'horizon et nous aveuglaient... on se serait crû dans "War of the Worlds".
La pluie des derniers jours avaient poussé les grenouilles à sortir prendre l'air et elles se trouvaient par dizaines à sauter d'un côté à l'autre de la route (ça me rappelait le jeu vidéo "Frogger")... les chiens errants jouaient au jeu encore plus risqué d'aller manger les grenouilles écrasées sur la route. À notre approche, l'un d'eux s'est mis à courir dans la mauvaise direction et mon chauffeur n'a pu l'éviter ... il s'est retrouvé coupé en deux par les roues de notre taxi...
Je me suis demandé quel animal, pour suivre cette étrange chaine alimentaire, allait se faire un lunch de chien écrasé. À voir la pauvreté des quartiers le long du chemin, j'aimais mieux pas le savoir...

Difficile de se faire une idée de Phnom Penh sous la pluie à mon arrivée, tard en soirée...
Le chauffeur m'a laissé en face d'un guichet automatique et j'avais hâte de sentir mes premiers billets cambodgiens. Je ne savais pas si c'était une erreur, mais je ne pouvais retirer que des $$ américains... C'est que le Cambodge ne fonctionne presqu'exclusivement avec les billets verts de nos voisins du sud! Tous les prix sont affichés en dollars américains, et ce qui devrait parfois coûter que 0,25$ est arrondi au 1$ près... pas bête!... mais il s'annonçait plus cher que je ne le croyais, ce séjour au Cambodge!!
Il fallait d'abord trouver un hôtel. Je me suis rendu en tuk-tuk dans le quartier "Lakeside", lieu privilégié des backpackers de ce monde. Mais encore une fois, les pluies diluviennes avaient transformé la rue principale en véritable rivière (c'est ça, votre lac?). Les hôtels étaient submergés et certains rez-de-chaussées étaient fermés pour cause d'inondation. Il fallait marcher dans un pied d'eau pour se rendre jusqu'aux chambres, un véritable trou à rats!
J'ai donc opté pour le district "RiverSide" dont le Lonely Planet vantait le côté "frenchie", les nombreux restos, bars, et la proximité des principales attractions.

Le lendemain matin de ma première nuit au "Okay Guesthouse", je déjeunais paisiblement dans la salle à manger quand j'ai vu un rat gros comme un chat sortir de nulle part et courir vers la cuisine. Un des serveurs l'avait vu passer et me regardait en souriant, avant de continuer à pitonner sur son cellulaire. Tout est normal!
En fait, j'ai appris que les nombreux chiens errants qui sont tolérés (et nourris) un peu partout en Asie du Sud-Est ne bouffent pas seulement des grenouilles, mais aussi des rats... donc fort utiles, ces toutous. (Mais on trouve ça moins cute de se faire licher la face par l'un deux)

Je me suis rapidement mis en marche et j'ai longé la rivière Tonlé Sap (qui rejoint le Mékong pas très loin au sud). Propre, espacé, beaux restos et cafés, édifices d'inspiration française et khmer, on aurait pû croire que le Cambodge est riche et développé! Mais toute cette section qui entoure le Palais Royal est trompeuse et n'est pas à l'image du reste du pays... mais quand même, on peut en apprécier le bon goût!
L'héritage colonial français se fait bien sentir, non pas seulement à travers les nombreuses habitations encore intactes et rénovées, mais par les inscriptions en français un peu partout dans les commerces. C'est beaucoup plus marqué qu'au Vietnam, dont le passé français a été rapidement effacé après la guerre d'indépendance des années 50.


Ce qui met à bout de nerfs, par contre, c'est la quantité de chauffeurs de moto ou de tuk-tuk qui veulent t'offrir une ride... comme c'est le quartier touristique, tu te fais achaler sans arrêt... en plus, dans les boutiques, si t'as le malheur de déposer les yeux sur quelque chose, la vendeuse se garroche et te l'offre dans toutes les couleurs, en 5 exemplaires, pas cher-pas cher... si tu souries à un enfant, il va s'approcher de toi pour te demander de l'argent, et va te talonner jusqu'à ce que tu te sauves en entrant dans un resto (et parfois même, il va te suivre). Des fois, tu ne fais que marcher, en regardant devant toi (parce que j'apprends vite) et malgré tout, un gars t'arrête pour te demander où tu vas et si tu cherches quelque chose...
Apprendre à ignorer le monde n'est pas facile, mais c'est le seul moyen de survivre... alors tu marches comme si t'entendais rien.

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Le Musée National du Cambodge


Superbe édifice, situé tout juste à côté du Palais Royal. Intéressante exposition de statues de Bouddha, de Vishnu et d'autres dieux hindous, mais ça devient quand même un peu redondant. Le jardin central par contre est totalement envoûtant... j'y suis resté un bon bout de temps à siroter un ice-coffee.

La sieste en début d'après-midi, c'est sacré, peu importe où on se trouve...


puis, des enfants qui font leurs devoirs en plein-air... rarement vu des étudiants aussi appliqués et sérieux! ... L'avenir du Cambodge est assuré!


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Toul Sleng Museum

Le matin de ma seconde journée, j’ai négocié la “ ride ” de moto pour la journée, en reliant deux sites incontournables, j’aurai bien rempli ma journée.
Je suis monté à l’arrière de la moto de Tiang, qui conduisait horriblement, suivant les mœurs sud-asiatiques, mais je suis quand même arrivé sain et sauf au musée de Toul Sleng. Ancienne école secondaire, transformée en prison S-21 par les Khmers Rouges, il y eut plus de 16 000 exécutions ici pendant le règne de Pol Pot (seulement 7 personnes sont sorties vivantes de cet enfer).
Pas grand chose n’a bougé depuis que Phnom Penh a été libérée, il y a 30 ans, les chambres de tortures ont été laissées telles qu’elles ont été trouvées, on y a même retrouvé 12 corps que les Khmers rouges n’ont pas eu le temps d’aller enfouir avant de s’enfuir… ils ont donc été par la suite enterrés dans la cour intérieure de la prison.
Tout ça me rappelait énormément Auschwitz, dans le sud de la Pologne. Les nazis s’étaient sauvés tout aussi rapidement et avaient tout laissé comme c’était, difficile de nier l'horreur quand les preuves sont aussi accablantes.
Un film sur les Khmers Rouges était présenté à 10h, je n'y suis pas resté lontemps. Pas tant parce que c'était insoutenable, mais plutôt parce que je commençais à avoir une bonne idée de l'ampleur du génocide qui a eu lieu au Cambodge entre 1975 et 1979. Je venais de lire deux livres de rescapés de cet horreur, et les récits finissent par se ressembler: incompréhension, souffrances, familles décimées, tortures, camps de "rééducation", puis reconstruire et réapprendre à vivre une fois le cauchemar terminé. (pas si terminé que ça, au fond, puisque le procès d'une des têtes dirigeantes des Khmers Rouges, Duch, est présentement en cours, 30 après!!)
Tout ça pour dire que l'ami Pol Pot, bien inspiré par tonton Mao, aura foutu un méchant bordel dont le Cambodge commence à peine à se remettre...


Un lit en métal, et une batterie d'auto... vous pouvez imaginer la scène?


Mon chauffeur qui devait m’attendre à l'entrée avait donné un lift à un autre client, donc j’ai dû attendre qu’il revienne et j’en ai profité pour aller visiter deux boutiques qui vendent de l’artisanat fait par des handicapés, des rescapés de la guerre, et des victimes de champs de mines anti-personnel.
Superbes oeuvres, très inspirées, touchantes et simples. Ici, tout le monde se met au travail. J'ai croisé que très peu de gens qui quêtaient. La plupart du temps, ils vendent des livres, des bracelets, des hamacs... et une industrie lucrative s'est aussi développée autour des massages faits par des aveugles:

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Killing Field Museum

L'endroit est très serein, bucolique... presque comme un terrain de camping...
Rien qui ne laisse supposer que plusieurs milliers de personnes y ont été exécutées rapidement et enterrés dans des fosses communes. Le charnier a été découvert, en 1980, et les corps exhumés.
Je ne niaise pas en disant qu'en grattant le sol, on peut encore trouver des morceaux de linge. Plusieurs des crânes découverts sont exposés dans le monument central qui forme une colonne de plusieurs mètres de haut.




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Pour finir sur une note un peu plus joyeuse: quelques inscriptions qui m'ont fait sourire:

Le slogan est assez intense... ça crée des sérieux attentes!

Alors comment on appelle un petit "Croque-Monsieur"?... un "Croquette-Monsieur"... trop cute!... et ça sonne quand même mieux qu'un "Croque-Jeune-Homme", dans le pays de la prostitution juvénile.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Salut Louis-Guy,
Content de te lire toujours curieux du monde, chaque 6 mois que je pense à toi en relisant mes notes prises à Istanbul il y a presque 4 ans. J'essaierai de penser à te faire signe lorsque paraîtra enfin mon bouquin: "A pied de Nice jusqu'au Caire..." ou quelque chose d'approchant... Bientôt j'espère!
Bises et bonne suite à toi,
François

Véronique Meunier - Triathlon a dit...

C'est vrai, l'endroit semble vraiment bucolique malgré les horreurs.
Et malgré tout, les gens se font une raison de vivre et... continuent à vivre justement!

A pizza to excite.... et puis, elle était aphrodisiaque cette pizza???!!!