27 mai 2025

Oman - Excursion dans le Wadi Shab

La chaleur dans ce pays, c'est tout un défi!
C'est la basse saison touristique ici à Oman, et plusieurs attractions ou sites sont fermés pour l'été en attendant un léger raffraichissement à l'automne. Personne n'est intéressé à passer la nuit dans le désert ou faire une excursion à dos de dromadaire quand le thermomètre ne descend pas en dessous de 40 degrés.
 Je crains un peu de me louer une voiture pour parcourir ce pays par moi-même, je voulais visiter Nizwa dont j'avais entendu parler, mais elle se trouve à trois heures de route de la capitale, et l'idée de traverser un désert et d'arpenter une ville à pied, en pleine chaleur après-midi, ne me parlait pas tant. Et ici, pas de systèmes de transport en commun reliant les principales villes… pas de système de métro non plus dans la capitale, ce qui est une aberration pour un si grande ville. C'est la culture du char à son meilleur. (Mais au moins la construction d'un métro fait partie des plans, et la première pelletée de terre devrait se faire cette année, en 2025!)
 Je décide de me booker un tour guidé sur Trip Advisor, pour une journée complète, au Wadi Shab suivi d'un arrêt au Bimmah Sinkhole. 90 $us pour la journée. C'est pas donné. Mais ça me semble être la seule option pour explorer une partie du pays.
 Le car conduit par le très sympathique guide Abdurahman vient me prendre à 8h directement à mon hôtel, et on fera le tour de la ville pour recueillir les 8 autres membres de notre petit groupe.
 On roule pendant 2h pour sortir de la banlieue de Muscat, sur des routes parfaites, bien entretenues, prises en étau entre des flancs de montagnes abruptes de pierre rouge, sans verdure, si ce n'est de ces terre-pleins de gazon trop vert pour être naturel, arrosés en permanence. Il y aura bien quelques arbustes à moitié séchés, grignotés par quelques chèvres maigres ou servant de refuge à des ânes attachés aux troncs, et qui semblent avoir été abandonnés, mais le reste du panorama n'est que sécheresse, un horizon rouge délimité par des murs de roches.
 Arrivés à destination, au bord du Golfe d'Oman, on débarque de la van pour traverser d'abord en bateau à moteur la rivière Wadi Ash Shab, et notre marche commence, longeant la rivière sur un sentier étroit, avec l'objectif ultime d'atteindre un grotte sculptée naturellement par l'eau. 
Le paysage est magnifique, presque martien si ce n'était de la rivière qui coule tout près de nous et dans laquelle on se baigne à quelques occasions avant d'atteindre sa source, une caverne profonde, pas pour ceux souffrant de claustrophobie car on doit d'abord se faufiler par une fissure étroite pour y entrer. Je n'y reste pas très longtemps, préférant me prélasser au soleil, dans le grand bassin d'eau turquoise se trouve juste à l'extérieur de la grotte. 
Notre petit groupe, constitué d'anglais, un couple d'allemands (originaire de … Karlsruhe! une ville visitée 10 jours plus tôt dans le sud de l'Allemagne. Quel hasard!), puis deux filles arabes voyageant seules, et un tchèque.
Je dois dire que me retrouver dans cette eau chaude transparente, au creux de cette vallée de roches, dans cette partie du monde si lointaine, m'a accroché un assez large sourire. Le plaisir de voyager se trouve en grande partie dans des expériences comme celle-ci, inattendue, surprenante, créant des souvenirs impérissables!
 Ce voyage (ou je devrais dire ces voyages) depuis mon atterrissage à Paris le 11 mars dernier ne cesse tout simplement pas de m'en mettre plein la vue. Souvent j'ai secoué la tête l'air de dire " ben voyons donc! Aucun sens!" devant l'ampleur de ce qui s'est offert à moi… j'ai été tellement content d'avoir eu le bon état d'esprit pour apprécier tous ces cadeaux! 
 On se met en route et on fait le chemin inverse pour retrouver notre car, dont la climatisation et le confort sont une bénédiction. On arrête à un resto de bord d'autoroute pour un excellent lunch… faut préciser qu'on était tous affamés après une telle combinaison de marche, de soleil et de baignade… et épuisés aussi… presque pas un mot pendant qu'on bouffait notre riz-poulet-salade-hummus! Et je pense qu'on aurait très bien pu terminer là notre tour organisé. L'énergie et l'enthousiasme manquaient un peu à l'idée qu'on avait un arrêt prévu au Sinkole Bimmah. Moi je serais bien retourné me coucher dans ma chambre pour une longue sieste!
On fait quand même le tour de ce grand trou creusé par la mer, au fil des millénaires, qui me rappelle fortement les "cenotes" que l'on retrouve au Mexique. Personne de notre groupe ne souhaite vraiment descendre jusqu'au fond pour s'y baigner, on préfère s'asseoir à l'ombre avant de revenir lentement retrouver notre van, qui nous mènera chaque à notre hôtel respectif. 
Je me jette dans mon lit vers 18h30 pour une longue sieste, et je me réveille vers 23h pour sortir acheter quelques trucs à l'épicerie à deux pas de mon hôtel (ici, les commerces sont ouverts jusqu'à 1h du matin, ce qui nous laisse totalement le luxe de rester cloitré au frais en attendant que les températures deviennent un peu plus tolérables)
 Je retrouve facilement le sommeil jusqu'au lendemain, épuisé mais très content de cette escapade unique qui m'aura donné un aperçu éblouissant d'Oman. 

26 mai 2025

Oman - Muscat, la capitale

Excitant, comme toujours, de découvrir un nouveau pays!
J'avais choisi Oman pour sa proximité avec les Émirats Arabes Unis... comme j'avais encore du temps avant de me rendre en Chine, pourquoi ne pas passer quelques jours dans ce pays à l'entrée du Golfe Persique? J'avais beaucoup aimé mon séjour au Qatar il y a 2 ans, et je pense que je cherchais une expérience similaire...
Un court vol sur les ailes de Etihad, la compagnie aérienne officielle de l'Émirat d'Abu Dhabi, avec de très jolies hôtesses, et un petit lunch digne de ce nom (ha! les lignes aériennes du golfe… pas pour rien qu'elles sont toutes dans le top 10, chaque année!)
Survolant le Sultanat d'Oman, j'avais choisi un siège avec hublot dans l'espoir de voir du désert, mais encore une fois, le mix de smog, de chaleur et de particules de sable rendait nulle toute visibilité décente. Malgré tout, on a un beau panorama de la capitale, Muscat, à son approche, un petit peu de verdure et de parcs, la ville assume pleinement son statut de capitale du désert, et même les nombreux édifices ont de jolies teintes uniformes de blanc, beige, rose-saumon… je sens que l'expérience ici sera très différente de celle des Émirats Arabes Unis.
photo: Oerlive
Au Royal Tulip
Très cool hôtel, très confortable et abordable. 
Avoir accès à une piscine, c'est non-négotiable ici!
Je passerai beaucoup de temps sur la terrasse, jusqu'à ce que la chaleur oppressante (42-45 degrés) me ramène à l'intérieur. Même l'eau de la piscine ne suffit pas à nous raffraichir, et la petite brise venant du large pousse de l'air qui semble sortir d'un four. Mais ça restera très agréable de s'installer ici pour lire, écouter de la musique, et jaser avec le "préposé aux serviettes", un sympathique omani qui trouve lui aussi qu'il fait trop chaud pour rester dehors. J'aurais pensé que les locaux s'étaient habitués à vivre dans une constante canicule, mais pas tant. J'ai une pensée pour les travailleurs de la construction qui travaillent en hauteur ou qui refont l'asphalte des routes… maudit qu'il y en a qui gagnent durement leur vie…
Comme au Qatar et aux EAUs, la ville se réveille vraiment à la tombée du jour. Je prends une sieste en fin de journée et lorsqu'il fait noir, je sors me promener dans les environs sous un "agréable" 35 degrés. Mon hôtel est assez loin du "centre historique" (en fait, le vieux quartier, Old Muscat, est à l'extérieur de la ville, j'en parlerai dans un autre post), mais le quartier où je me trouve est agréable et abonde en options de restaurants.
J'arrête au Marhaba World Al Bukhari, et je m'aperçois que je soupe à l'heure des touristes dans un restaurant presque totalement vide. Je mange mon savoureux "mouton afghan", servi avec riz et pain naan, et au moment où je m'installe au Café Casa Blue pour une shisha dans le restaurant d'à côté, je vois les omani qui commencent à débarquer en grand nombre pour le souper… j'ai comme 2-3h d'avance sur eux.
Me trouvant dans un pays arabe, je ne pouvais passer à côté d'une bonne shisha. Depuis mon passage en Turquie, presque 20 ans plus tôt, j'ai développé une histoire d'amour pour cette coutume que je m'empresse de retrouver chaque fois que je m'arrête au Maghreb ou au Moyen-Orient. Étrange pour un non-fumeur, mais je vivais ici, je développerais clairement une dépendance pour le tabac double-pomme qui me semble la façon parfaite de terminer une journée, surtout lorsqu'on l'accompagne d'un thé à la menthe, et qu'on entend l'appel à la prière dans chaque mosquée du secteur.
Je fume en regardant la foule qui se presse, la ville qui s'active, confortablement assis sur des épais cousins. Et je fais quelques observations:

Combien les moyen-orientaux sont polis, gentils et courtois! Depuis mon arrivée à Dubai la semaine dernière, je n'ai vu que des gens sympas et chaleureux, et très relax aussi. Marchant sans empressement, tenant leur ami par la main ou par l'épaule… on pourrait mettre ça sur le dos de la chaleur qui t'assomme et te rend sûrement un peu amorphe, mais je n'ai pas trouvé le même rythme au Maroc ou en Tunisie. Je pense qu'ici, les locaux savent qu'ils sont pour la plupart plus riches que les touristes, alors on a moins cette manie de nous percevoir comme des porte-monnaies sur deux pattes.

Je n'ai vu que très peu de policiers. Les pays du Golfe Persique sont parmi les plus sécuritaires de la planète. Peu de crimes, d'aggressions ou de vols. Peut-être que la religion y est pour quelque chose, la punition est peut-être très sévère en cas d'infractions. Mais comme tout le monde semble avoir du travail (aucun mendiant ou itinérant dans les rues), on ressent moins le besoin de faire des mauvais coups?

24 mai 2025

Emirats Arabes Unis - Abu Dhabi

Le parcours en autobus pour relier ces deux grandes villes fut moins palpitant que prévu. Je pensais avoir la chance de traverser des zones complètement dégarnies, désertiques, longeant ainsi le Golfe Persique, mais la banlieue de Dubai semble chevaucher celle d'Abu Dhabi et les commerces, centres d'achats et complexes résidentiels ne sont jamais bien loin. On longe quand même pendant plusieurs kilomètres une immense réserve boisée et clôturée où on peut apercevoir quelques chevreuils ("arabic deers" beaucoup plus petits que les nôtres), mais les parcs d'attractions et centrales pétrolières reprennent possession du paysage jusqu'à l'arrivée à Abu Dhabi, 2e plus grande ville et capitale des Émirats Arabes Unis.

À la sortie de la station d'autobus, je me demande bien dans quelle direction aller, toutes les rues sont plus moches que les autres. Des avenues bien droites, des quadrilatères qui se ressemblent, sans envergure ni originalité. J'entre dans le centre d'achat tout près pour manger quelque chose au food court du dernier étage rempli d'asiatiques (plusieurs immigrants d'origine philippine et indienne ont élu domicile ici), je prends un plat de nouilles-singapore avant d'embarquer dans un taxi pour rejoindre mon hôtel.

Une petite sieste, et je sors prendre une marche dans le quartier très commercial de Al Danah... le jour est tombé et ça circule beaucoup dans le coin. Toujours très chaud et humide, et avec cet éclairage artificiel provenant des centaines de buildings tout autour, ça me rappelle fortement Hong Kong... l'odeur aussi. Ce mélange de pollution, de vidanges, de cuisine internationale, de parfum des passants... décrit comme ça, c'est pas très vendeur, mais ça me ramène plein de bons souvenirs de mon long séjour en Chine et me rend un peu nostalgique!
Bref, pas désagréable du tout comme endroit, très vivant et authentique... le genre de quartier fréquenté non pas par la haute classe sociale des Émirats, mais par les immigrants principalement indiens et sud-asiatiques.
Je me trouve un excellent restaurant thailandais, et après un pad thai et une bière, je retourne lentement à mon hôtel pour la nuit...





La journée du lendemain était déjà organisée dans ma tête! 
Rien de moins que la visite du Louvre de Abu Dhabi!! C'est clair que je n'allais pas être déçu.
Totalement intrigué par le concept de "franchise" du Louvre se trouvant sur le bord du Golfe Persique, je me suis mis à lire sur le sujet, et les chiffres m'ont donné une idée de l'absurde richesse des Emirats Arabes Unis. (Ici, le Sheik n'est jamais sans fonds... hihihi)
D'abord, uniquement pour utiliser le nom "Louvre" jusqu'en 2047, Abu Dhabi a payé... 400 millions d'euros!
Puis, il y a la location des oeuvres d'art jusqu'en 2027 : 190 millions 
Coûts pour les expositions spéciales: 75 millions
Coûts pour le support administratif (peu importe ce que ça veut dire) : 165 millions
et, le coût de la construction du musée: presque 600 millions
 Inutile de dire que, si au début la France et le Louvre n'étaient pas chauds à l'idée, le nombre de zéros sur les chèques a du les faire rapidement changer d'idée. (Je les imagine se dire : "on va leur suggérer un montant ridicule, 400M, juste pour utiliser le nom, ils vont gueuler et nous laisser tranquilles!"... et non!... là les français doivent juste se dire, "merde! on aurait du demander plus!")
 Mais l'idée semble gagnante pour les deux partis. Le Louvre, qui ne présente que moins de 10% des oeuvres de son catalogue dans son musée de Paris, peut amplement se permettre de "louer" des oeuvres d'art qui s'empileraient de toutes façons dans ses entrepôts. Et pour Abu Dhabi qui cherche à diversifier son économie et se présenter comme un incontournable hub artistique et culturel mondial, c'est un investissement pour établir la réputation de la ville et la mettre définitivement sur la carte. 



Je ne suis pas du tout un amateur d'architecture moderne, mais je dois dire que le bâtiment extérieur lui-même est magnifique. On a l'impression de se retrouver dans un essaim, ou sous une épaisse couverture tissée, la blancheur de l'édifice se détache à merveille sur le bleu turquoise de la mer.




Et les oeuvres d'art exposées sont à couper le souffle! Un véritable cours d'histoire, c'est une traversée des grandes civilisations du monde à travers des pièces uniques et imposantes. On pourrait avoir l'impression que c'est un peu éclectique par moments, mais tout est habilement connecté par le choix des oeuvres toujours plus belles et grandioses les unes que les autres.
Je m'attendais à voir des thèmes artistiques plus proches de la vie moyen-orientale, mais j'ai été surpris d'y trouver des pièces classiques de femmes et d'hommes nus, un clash évident avec l'habituelle pudeur islamique. Signe que, réellement, le pays veut s'ouvrir et n'a pas peur de défier les conventions, quoi de mieux que l'art pour fissurer les mentalités un peu rigides? C'est très raffraichissant. 





...et il y a même un peu de nous ici!! 
 "Jacques Cartier découvre le fleuve Saint-Laurent" de Théodore Gudin (1847) 


J'aime beaucoup que le français soit bien mis en évidence partout dans le musée, ainsi que sur les descriptions des oeuvres. Une belle opportunité de faire rayonner la culture française dans le monde!


Et bien sûr, les ambitions d'Abu Dhabi ne s'arrêtent pas au Louvre... voici le prochain Guggenheim Abu-Dhabi Museum qui sera, une fois complété, plus grand encore que l'original à New York... 


Mon passage à Abu Dhabi sera court, 2 nuits seulement... je tente donc d'optimiser mon temps ici, mais ce ne sera pas crève-coeur parce qu'il y a très peu de choses que je souhaite voir. 
Après le Louvre, je me doutais bien que tout ce que je verrais souffrirait de la comparaison, mais une visite dans un château pourrait très bien combler mon besoin de goûter à l'authentique culture arabe! 
Je prends un taxi en direction du Qasr Al Hosn (littéralement "Palais Fortifié"), le plus vieux bâtiment de Abu Dhabi, construit en 1761, qui fut la principale résidence du Sheik (et le siège officiel du gouvernement) jusqu'en 1966. 
L'endroit est très bien mis en valeur, et très agréable à parcourir. Plusieurs pièces donnent une idée du mode de vie de l'Émir et de son entourage, une décoration sobre, sans artifices, avec plusieurs ouvertures laissant habilement entrer la relative fraicheur venant du Golfe Persique tout près.





J'ai beaucoup apprécié les designs simples et épurés qu'on trouve ici et là dans le palais. J'ai acheté quelques collants (ci-dessous) ainsi qu'un porte-clé, qui feront partie des rares souvenirs que je rapporterai des Émirats. Pas question de cossins "I Love Dubai" ou "I Love Abu Dhabi", je ne peux pas me mentir non plus!








Dans quelques salles, des photos d'époques sont présentées, datant pour la plupart des années 1940 ou 1950... c'est hallucinant, surréaliste et très triste de voir la transformation des dernières décennies. 


 
Cette courte visite au Qasr m'aura fait du bien. C'est le genre d'endroit que je voulais voir, les buildings et les gratte-ciels finissent par se ressembler, peu importe où on se trouve dans le monde, et ces reliques du passé, avant que la modernité, la technologie et le gros cash viennent tout décrisser, restent des petits oasis d'authenticité qu'il est important de protéger, à défaut d'avoir pu conserver le mode de vie et les coutumes. 


Je rentre à mon hôtel, juste à temps pour voir une course de dromadaires à la tv! Hilarant. Au moins cette coutume a tenu le coup face à la modernité!