Vraiment pas si pire que ça!
Même conduire en ville pour rapporter la voiture jusqu’à l’aéroport fut facile et sans encombres. On a aisément contourné le kid qui cherchait à se faire quelques dirhams pour nous reconduire à l’hôtel (On connaît le truc! Ptit maudit!), puis, pour faciliter notre adaptation, on s’est réfugié dans les jardins de Yves St-Laurent, petit oasis de paix et de tranquilité, en plein coeur de la ville.
Mais étonnament, une fois lâchés lousses dans la médina juste à la porte de notre hôtel, on a trouvé le souk plutôt agréable, dégagé et tranquille… mis à part les mobylettes qui filent à toute allure dans les allées de la médina, on a eu du fun à magasiner sans se fairer aborder avec trop d’insistance, à se faufiler à notre rythme à travers les nombreuses ruelles du souk, qui semblent toutes aboutir à la grande place Jemaa-El-Fna où même les charmeurs de serpent, les dompteurs de singes et les dessinatrices de Henna (ces designs typiques qu’on retrouve sur les mains des femmes) semblaient nous ignorer…
Ou bien Marrakech est carrément mollo, ou bien après un long mois nous étions enfin immunisés contre le harcèlement… (J’écarte l’hypothèse qu’on nous laissait tranquilles parce qu'on ressemblait à des marocains)
Après plus d'un mois, faut dire que le Maroc est un pays qui laisse perplexe. Ballotés entre l’exaspération et l’émerveillement, nous terminons tous les 4 notre séjour avec les mêmes propos contradictoires: On a fait un voyage mémorable, mais on ne remettera probablement plus jamais les pieds ici…
Ce qui est difficile c'est que, chez nous, les inconnus partent avec le bénéfice du doute: les premiers rapports sont polis et respectueux, ici c’est l’inverse: on développe vite le réflexe de montrer les dents et bomber le dos dès qu’on se fait approcher, et on adopte la honteuse attitude d’ignorer les gens qui nous interpellent. Malgré le sentiment de culpabilité on comprend rapidement que c’est la seule façon de survivre: Chaque regard, chaque sourire, chaque pause dans notre démarche est une ouverture dont savent profiter les marocains qui sont passés maitres dans l’art d'amadouer l'occidental… et une fois pognés dans leur toile, impossible de s’en échapper sans perdre notre patience ou plusieurs dirhams.
Pour profiter de notre temps ici, il fallait donc constamment se ramener à l’ordre et désamorcer la paranoia qui nous consumait à chaque fois qu’un inconnu tentait de nous aborder. Dire “non merci” avec le sourire, mais en continuant de marcher… et à ceux qui deviennent un peu trop harcelants, tu leur balances la phrase qui tue: “je n’ai pas d’argent!”. Ça fait des miracles!
Il y a donc deux façons de voyager au Maroc: en voyage organisé où tout rapport avec les locaux est évité ou aseptisé (ex: les seuls marocains rencontrés sont ceux des hôtels, tu envoies ton guide faire tes achats et bargainer à ta place, etc...), ou bien on fait comme on a fait: on se lance dans le monde et on espère que tout ira pour le mieux.
Malgré tout, je pense que la seconde option est la meilleure.
Le Maroc est toffe et souvent exaspérant, on revient le soir épuisé et frustré, mais j'aime mieux le voir comme il est vraiment plutôt que derrière une vitre teintée… je pense qu’un voyage où tout est beau, tout marche toujours bien, où tout est à l’heure et tout est meeeeerveilleux n’est pas un vrai voyage, ça veut dire qu’on a choisi la voie facile, celle tracée à l’avance pour répondre à nos standards de confort occidental. Rien à voir avec la réalité. (C'est plutôt la réalité des tout-inclus!)
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