18 mars 2025

Beaux Villages de France - Sancerre et Vezelay


 

Magnifique promenade à travers la région du Centre-Val-de-Loire, et on traverse plusieurs vignobles avant d'arriver à Sancerre, bien connue pour son vin d'appelation du même nom, surtout constitué de Sauvignon blanc.
Si plusieurs "Beaux Villages" sont bien cachés et apparaissent au virage d'un chemin, Sancerre est bien visible au loin, spectaculaire au sommet de sa colline, entourée de ses immenses vignobles...  ça donne soif tout ça!
Comme pour Yèvres la veille, la ville dort en cette basse saison... plusieurs rue bloquées pour rénovations, des constructions partout... on profite du temps mort et de la belle température pour se refaire une beauté! 






J'arrête à la Brasserie du Piton pour un verre de Sancerre Reverdy... exquis, et parfait pour accompagner une bonne omelette au fromage de la région... quelle chance de pouvoir prendre un coup en terrasse, à la mi-mars! Et quelle belle température! Je sentais bien la chaleur printanière et le besoin de me mettre de la crème solaire! Mais à l'ombre, ça reste très frais... donc toujours trainer sa petite laine! 
 C'est la pause des ouvriers qui retapent le village, deux employés de la ville s'installent à côté de moi et je les écoute jaser. 
 L'un parle de ses planifications familiales, avec l'intention de voir sa femme retomber enceinte l'an prochain. 
 "Faudra remettre les couverts!" qu'il dit.
 "Faudra soulever le capot!" répond l'autre.


En route vers mon prochain "beau village", je sillone la belle campagne de la région bourguignonne, m'arrêtant ici et là, dont principalement à Chevroche, le long du Canal du Nivernais, qui longe la rivière Yonne. Je prends une belle marche paisible et me mets à rêver de m'y retrouver en vélo lors d'un prochain voyage!




Elle aussi au sommet d'une colline, Vezelay (qui s'appelait d'ailleurs Vezelay-la-Montagne jusqu'à la révolution) est très connue pour être le point de départ d'un des quatre sentiers français qui mènent à Compostelle, la Via Limousine. D'ailleurs, peu après mon arrivée à l'entrée de la ville, je croise un marcheur tirant son âne, un vrai de vrai pélerin!


La belle rue Ste-Etienne, qui monte vers la Basilique.


Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, datant de l'an 1120, point de départ officiel du pélerinage vers Compostelle. D'ici, il faut environ 900 kms (43 jours) pour rejoindre l'ultime étape française de St-Jean-Pied-de-Port. À cela, on doit ajouter 30-35 jours de marche supplémentaires pour arriver à Santiago de Compostela en Espagne! Une belle petite promenade! 


vue vers le village d'Asquins


La porte Neuve, une des quelques portes d'entrée percées dans les fortifications.


L'enceinte de Vezelay
La ville se fortifie en 1150 et les remparts permettent d'en faire le tour de manière fort agréable et paisible, avec un superbe panorama sur la campagne environnante.


À la dernière minute, je décide de me prendre une chambre ici même, à Vezelay. Peu d'options de logement en cette période de l'année, mais il reste une seule petite chambre dispo à l'hôtel "Le Compostelle", (toutes les autres sont occupées par plusieurs pélerins qui entameront leur long périple le lendemain) 
Aussitôt je trouve que c'est une très bonne idée de pouvoir passer la nuit dans ce village, me permettant de refaire le tour de Vezelay à la brunante, vidée des quelques touristes qui s'y trouvaient... si le village me semblait tranquille de jour, c'est un village fantôme à la tombée de la nuit. Tous les commerces ferment tôt, et il ne s'y passe rien du tout. Je dois me contenter du seul resto ouvert, le SY, tout juste en face de la Basilique. Nous sommes plusieurs à monter la rue St-Pierre pour s'y rendre, mais je trouve une table libre, et je m'installe avec un verre de vino et un livre, prêt pour une soirée tranquille.
 "Excusez-moi, vous dinez seul?" me demande le monsieur assis à la table d'à côté. "C'est que, si vous êtes seul, nous pourrions diner ensemble, ce serait quand même moins triste que d'être seuls chacun de notre côté... "
 Si ce pauvre monsieur savait combien ces moments de solitude me font du bien, à quel point je me sens chanceux de les avoir en si grand nombre... Mais je ne pouvais pas dire non, évidemment. Alors il se lève et s'assoit en face de moi, et on commence à placoter pour toute la durée du repas.
 Éric (un nom que je trouve inhabituel pour un monsieur de fin-soixantaine) est un retraité vivant dans le pays basque, au sud, et se retrouve ces jours-ci en Bourgogne à la recherche d'une maison. Il souhaite déménager dans le coin pour se rapprocher des ses deux fils et passera les plusieurs prochains jours à faire des visites, en quête du spot de rêve.
 Mais il est habitué aux grands changements: il a d'abord été banquier à Paris, puis quand ses enfants sont partis, il est parti travailler dans une vigne du sud de la France pendant 15 ans... "j'en avais ras-le-bol de la ville!"... j'ai toujours admiré ces changements drastiques de carrière, qui entrainent un grand bouleversement des revenus. Faut-tu être assez écoeuré pour tout larguer et recommencer à zéro comme ça?
 J'ai donc connu toute la vie de Éric avant d'arriver au dessert... ses boulots, ses enfants, son divorce, ses voyages, sa maison de rêve... je voyais bien qu'il souhaitait juste régurgiter tout ça car il ne m'a posé aucune question. Quand j'intervenais, mon commentaire passait très haut au-dessus de sa tête.
 Malgré tout, j'ai trouvé ce souper intéressant... j'ai appris plein de choses, et j'ai été projeté dans l'étalement d'une vie ô combien différente de la mienne! 


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