À la veille de quitter Paris, je n'avais toujours aucune idée de la suite du voyage.
La voiture était louée et m'attendait le lendemain à Orly (point de départ idéal qui m'évite d'avoir à traverser Paris pour en sortir), et je m'imaginais très bien descendre tranquillement vers le sud, à l'aveuglette, à travers les chemins de campagne et en reliant de beaux petits villages médiévaux... un road trip garanti de me faire voir des régions magnifiques. J'aimais beaucoup l'idée d'avoir aucun plan, pouvoir me permettre simplement de virailler et de m'arrêter où et quand je veux. Le seul plan précis était de me retrouver chez mes amis Danie et Francis à Nantua près de la frontière suisse le vendredi soir, puis chez ma tante Mimi la fin de semaine suivante.
Mais voilà que, chez mon ami Boris, je tombe sur la seule carte pliante Michelin qui se trouve dans sa bibliothèque... et tout se décide aussitôt: relier le plus de "beaux villages" possible entre Paris et Lyon!
Avec le recul, je ne peux dire à quel point l'idée était bonne, combien je recommande l'aventure! Facile à planifier, confortable trajet en voiture, grandiose campagne française, et en cette période de basse-saison, avoir les beaux villages souvent pour moi tout seul, sans hordes de touristes qui débarquent par centaines, en plus d'avoir des tarifs de logements tout à fait abordables!
Je vais me concentrer sur les "Beaux Villages" que je trouverai dans les trois départements ci-haut, improviser quotidiennement un itinéraire, et descendre lentement jusqu'en Auvergne. Ça devrait le faire, il y a 180 "Beaux Villages de France" dont une bonne portion se trouvant dispersé dans l'est du pays, et plusieurs étant très rapprochés les uns des autres, ce qui devrait me permettre d'en visiter au moins 2 par jour (Au final, je verrai 22 "Beaux Villages" en 10 jours!)
J'ai essayé plusieurs fois de me démêler et de mieux comprendre comment la France se divise. Si on s'en tient aux grandes régions, c'est plutôt simple (il y a 13 régions en France métropolitaine), mais chacune se sous-divise en départements (il y en a 96 sur le territoire français), puis en cantons (plus de 2000) et en communes (qui sont près de 35 000!!)... Et ça, c'est sans compter les 1800 régions "naturelles" définies par la géographie (chaine de montagne, vallée, fleuve, etc.), comme le Morvan, le Nivernais, le Forez... autour desquelles les habitants semblent avoir développé une identité propre.
Donc je suis toujours un peu troublé quand je roule, je sais rarement où je me trouve avec précision, si le nom qui est affiché est celui d'une région, d'un département, d'un lieu géographique... Mais c'est sans importance, je regarde les magnifiques décors défiler, je n'ai aucun empressement, aucune obligation, et j'ai pas de problème à me perdre dans l'immensité bucolique du territoire français!
Ça ne fait pas partie des "Plus beaux villages de France", c'est plutôt la première sortie de que je prends en quittant la périphérie parisienne et entrant dans le département de l'Essonne. Lorsque je vois le panneau en bordure d'autoroute indiquant la présence d'un château, je quitte aussitôt la Nationale 20 et je prends la petite route qui mène directement à l'immense domaine de 98 hectares, une belle occasion de prendre une bonne bouffée d'air pur et de silence!... je fais le tour de l'impressionnant château, datant du milieu du 17e siècle et ayant appartenu à un tas de ducs, de vicomtes et de marquis, pour être finalement transformé en centre d'art contemporain.
Me voici, dans mon premier "Plusse Beau Village de France"!
Ce qui me fait sourire parce que, pour un touriste québécois venu souvent en France, tous les villages français mériteraient de faire partie de la liste!
Je remarque que sur le site internet des "Plus Beaux Villages", n'entre pas qui veut. Les critères sont stricts et nombreux (par exemple, le village doit avoir mis en valeur son côté rural, il ne doit pas avoir plus de 2000 habitants, il doit avoir une infrastructure permettant de se stationner facilement, etc... )
Pour ce dernier point, le stationnement de Yèvre est complètement vide, et ce sera un point commun à la vaste majorité des sites que je visiterai dans les 10 jours suivants. Très peu de visiteurs, des villages-fantômes avec la majorité des commerces fermés pour la saison.
"On ouvre dans deux semaines, début avril!" me dit la jardinière de la cour centrale du château. La porte et l'accès aux escaliers étaient ouverts, mais elle semble surprise de voir popper un touriste. Elle s'excuse du désagrément sachant que, par mon accent, je viens de loin et risque de ne jamais revenir.
Peu importe, marcher lentement dans les ruelles de ce charmant et chaleureux village me suffit. Je ne suis pas à la chasse aux attractions, j'ai juste le désir de m'imprégner de l'atmosphère, de me remplir les sens!
Le seul commerce ouvert, c'est ce petit bar-café avec terrasse, "Les Lutins Joyeux" où on me sert un "café-gourmand", avec plus de pâtisseries que de café... Je suis en France depuis une semaine seulement, et je crois avoir mangé plus de pâtisserie que dans toute l'année précédente... je me rassure en me disant qu'une longue marche m'attend dans quelques semaines, avec la possibilité de bien brûler toute ces calories sucrées.
L'Église Saint-Lubin, datant du XIIIe siècle, et jamais achevée... une belle structure encore debout, qui ne verra jamais sa finalité, condamnée dès sa création à être une ruine par manque de fonds suivant la guerre de cent ans.
Je me suis pris une chambre ici, dans une des plus vieilles villes de France, haut-lieu de l'histoire, de la guerre de 100 ans, et du mythe de Jeanne d'Arc.
Pas évident de traverser la banlieue en cette fin d'après-midi. Je prends rapidement la décision d'éviter les grands centres urbains durant ce "road trip"... je pensais passer par Bourges ou Dijon, toutes des villes de certaine envergure, et je m'aperçois que je n'ai pas la patience de rouler en quête d'un stationnement à travers les vieux quartiers hyper étroits de villes millénaires, aux indications pas toujours claires.
Je traverse et retraverse la Loire et je viraille pour trouver l'accès à mon petit hôtel, bien situé dans le vieux quartier. Une fois le char stationné, je n'y touche plus et je suis bien content de sortir me promener en cette fraiche fin de journée.
Je prends la jolie rue de Bourgogne, débordante de restos, et j'essaie de voir le maximum de la ville avant qu'il ne fasse trop sombre.
La rue Jeanne-d'Arc menant à la Cathédrale Ste-Croix

Place du Martroi, avec la statue équestre de Jeanne d'Arc... elle est partout celle-là! (elle a quand même délivré la ville du siège des anglais en 1429)
"Orléans" est une évolution progressive du nom romain "Aurélien", parait-il.
Très calme matinée, le lendemain matin, sur le bord de la Loire.
Je suis prêt à me remettre en route!





























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