
Quittant mon hôtel (le "Nazareth Residence", qui semble se trouver dans un vieux couvent), après une nuit agitée... était-ce le chocolat ingurgité avant de me coucher, ou le bruit des voisins dans la chambre d'à côté? Je fixe le dégât créé par la petite bouteille de savon à linge qui s'est ouverte dans mon sac et je me mets en route... marchant dans Viterbo, jusqu'à la Porta Fiorentina, aux limites de la ville, je me dis que je reconnais cet endroit... c'est en effet par là que je suis rentré dans Viterbo la veille. Je suis donc en train de marcher dans la mauvaise direction, la carte sur mon cellulaire étant à l'envers!! ... une des rares fois où mon super sens de l'orientation a fait défaut... décidément, étrange début de journée!
Une belle montée, étonnament dénuée de trafic, menant à un cul-de-sac d'où continue le camino à travers la forêt, sur un sentier très étroit.
Pendant une bonne période, je traverse une zone déboisée. L'absence d'ombre accentuant la chaleur déjà forte en cette belle matinée.
J'arrive au joli village de San Martino al Cimino où je retrouve le groupe de trois marcheurs français qui ont débuté leur marche à Siena. L'homme du groupe, Jean-Yves, me dit avoir parcouru le même chemin l'année dernière (ayant même écrit un livre sur son expérience) et a décidé d'y retourner cette année en amenant sa femme et une amie de sa femme. Je suis très étonné qu'on veuille faire le même camino deux années de suite, sachant qu'on trouve des centaines de sentiers fabuleux à travers toute l'Europe. (Mais je comprendrai à mon arrivée à Rome l'effet unique que la Via Francigena peut avoir sur le mental des pélerins...)
La femme de Jean-Yves sera, à chacune de nos rencontres, sous le charme de mon accent... "Qu'est-ce que j'aime l'accent québécois!!"... ou "J'adore tellement votre accent!"
D'autres marcheurs que je n'avais jamais vus (et que je ne reverrai plus) se pointent à l'entrée du village pour se rendre à l'église du village où je les trouverai tous à genoux devant l'autel, chantant des cantiques en choeur, toujours avec leur sac sur le dos.
Très charmante et facile marche à la sortie de San Martino, ... chemins plats, champs d'oliviers paisibles et forêt dense qui me rappelle un peu nos forêts québécoises. Je m'y sens chez moi!
Le ciel s'obscurit et gronde fortement à l'approche de Vetralla, mais comme la veille à l'approche de Viterbo, ce sera une fausse alerte... le "danger" ne fait que passer sans faire tomber une seule goutte.
J'arrête à la chiesa di Santa Maria, presqu'à l'entrée de Vetralla, une étonnante église millénaire ayant connu jadis des longues années de gloire, étant à l'époque un arrêt obligé sur le chemin de Rome, avec auberges, écuries, termes... un véritable resort pour les voyageurs fatigués... de magnifiques fresques du Xe siècles ont été mises à jour et restaurées à l'intérieur de l'église, que me fait visiter une charmante petite dame. Son italien est facile à comprendre et les explications sont intéressantes. Ça se termine dans une petite dépendance juste à côté où on m'offre un morceau de gâteau et un verre de blanc de Montefiascone.
Dans mon carnet:
une belle chambre, mais dans un village que je trouve d'une très grande tristesse, gris, mal entretenu, sans intérêts majeurs. Je vais à l'épicerie la plus proche, aucun restaurant ne me parle vraiment, et je mange un petit souper devant la télé, pitonnant en continue pour trouver quelque chose d'intéressant.... je suis donc au lit assez tôt, et j'espère trouver le sommeil rapidement, malgré les muscles de mes jambes qui palpitent inconfortablement...
Je change encore d'idée par rapport à ma destination finale, je veux me rendre à Rome, peu importe le bordel des funérailles du pape, ou le conclave qui suivra... j'aime l'idée de terminer ce camino comme il se doit: sur la Place St-Pierre au Vatican... je pourrai me dire alors "mission accomplie!"
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