Dernière journée!!! j'arrive pas à y croire!!
Finalement, c'était la bonne décision de continuer jusqu'à Rome, au lieu d'arrêter plus tôt pour éviter la folie entourant les funérailles du pape. Je pense que la satisfaction n'aurait pas été complète. Bien sûr, j'aurais eu une bonne excuse: les funérailles et le conclave qui s'en suit, et mon désir de poursuivre ma quête d'espace et de silence, mais j'étais prêt au sacrifice d'avoir à affronter la foule pour terminer ce camino là où il se doit: sur la Place St-Pierre!
Mais je dois dire que ce dernier blitz de marche a failli être écourté. Assis au café Taverna Cinque, après presque 2h à marcher à côté d'une autoroute bruyante, je perds patience et je me dis que je pourrais très bien prendre le métro jusqu'à la Place St-Pierre. Le Camino est insupportable, sans intérêt, je m'y attendais, mais je trouvais quand même dommage d'être si près du but et de le conclure ainsi de façon si peu spectaculaire… Je termine mon cappuccino, j'étudie ma carte en pesant les options. Je suis à 3h de marche du Vatican, et je vois que la Via bifurque vers un grand parc, la Riserva Naturale dell'Insugherata, pour ensuite revenir dans la banlieue, et entrer dans un autre parc avant d'arriver à Rome. Je savais que ça n'allait pas être l'équivalent d'une marche dans les collines toscanes, mais traverser des petits coins de verdure en plein coeur de la ville pourrait sauver la mise.
Ce fut étonnament le cas!! À un point que j'ai trouvé presque miraculeux que de telles réserves aux portes d'une si grande ville aient été si bien préservées, et soient aussi si peu fréquentées… j'aurais pu me croire en campagne profonde, quelques étapes plus tôt, tellement la nature était omniprésente et la circulation absente. Encore ici, le printemps donnait un boost aux herbes et aux plantes de bord de sentier et je devais parfois tracer mon propre chemin pour avancer. Suis-je réellement en banlieue de Rome??
Après la Riserva, je grimpe ensuite une pente à la limite du parc qui me ramène à la réalité urbaine de Municipio XIV, mais ça va, et c'est même plutôt bienvenue: je profite d'une terrasse pour m'enfiler un panino et une bière Peroni bien froide, question de combattre la chaleur torride!
Je poursuis pour atteindre le parc Monte Mario qui me laisse entrevoir, pour la première fois, la ville de Rome! Du haut de la colline, la vue est spectaculaire, et je sens l'excitation d'être si proche du but! La descente est ardue, sur un chemin en zig-zag fait de pierres inégales, et c'est tout en bas que je me retrouve à Rome. Je n'ose pas m'arrêter pour une pause, étant si proche du but. Je longe la Viale Angelico qui me mène en ligne droite vers la Place St-Pierre, contournant des centaines de touristes et les échaffaudages installés pour les funérailles du pape d'il y a deux jours (et laissés en place pour le conclave à venir)
Je suis enfin devant la Basilique. Après trois semaines, et 400 kms de marche.
J'en reviens juste pas...
Un mélange d'immense satisfaction, de réussite, de fatigue, mais aussi accompagné d'un petit deuil… est-ce vraiment terminé? Je fais quoi maintenant? Je comprenais maintenant Jean-Yves, ce français retraité rencontré en chemin qui me disait refaire le même camino deux années de suite. L'expérience nous colle à la peau, les paysages nous hantent, effaçant le souvenir des douleurs corporelles, des ampoules, du froid ou de la chaleur, et l'inconfort général…
On m'aurait dit "t'as pas le choix de repartir sur la Via en faisant le chemin inverse"... j'aurais répondu "pas de problème!"
Pourquoi on se met dans une telle situation? Qu'est-ce qu'on a à se prouver?
Pour moi, au-delà de ce rêve de marcher sur un grand sentier européen, j'éprouvais le besoin d'ajouter de l'effort physique à la contemplation. Je sentais que ça pouvait rendre mes voyages encore plus immersifs, plus intenses et plus mémorables aussi. j'avais l'énergie et la forme physique pour le faire. Je me sens encore jeune et fringant! 😁 C'était le temps. Et c'est déjà certain que ce ne sera pas la dernière expérience du genre!











Aucun commentaire:
Publier un commentaire