28 mai 2014

Vers le désert... Partie 1: de Essaouira à Merzouga

À observer la façon de conduire des marocains, je me demandais si louer une voiture au Maroc était une bonne idée… Mais pour couvrir tout le territoire à notre rythme en suivant les petites routes secondaires hors des circuits trop touristiques, les voyages organisés ou le transport en commun dans les autobus douteux étaient hors de question. D’autant plus que Sara nous avait négocié un bon contrat de location pour 10 jours, à environ 30 euros/jour, divisé par deux couples, c’était une aubaine plutôt difficile à battre. 
 Avant de rentrer plus en profondeur dans le pays, nous avons longé la côte Atlantique entre Essaouira et Agadir, où nos quelques premiers arrêts dans les villages se présentaient tous comme des petits paradis de surf-board et de kite-surfing, pour la plupart plutôt déserts en ce début de basse-saison.




 Les distances entre nos étapes étaient courtes, alors on pouvait se permettre de s’arrêter souvent ici et là pour prendre un café, luncher tranquillement, et admirer les paysages incroyables (ou prendre en photo ces fameuses chèvres qui grimpent dans les arbres pour brouter… un spectacle bizarre, comme une version réelle du jeu “trouvez l’erreur”)








C’est entre les 2e et 3e étapes (entre Taroudant et Ouarzazate), à mesure qu’on s’éloignait de la mer, que le décor devenait lunaire, et parfois carrément martien… je me disais que ça allait finir par ressembler à Pluton une fois arrivés au désert: des immensités inhabitées de poussière et de roches où rien ne pousse et rien ne peut survivre est surréaliste. Malgré tout, il n’était pas rare de voir au loin un berger escorter son troupeau de chèvres ou de croiser un marocain faisant du pouce en plein milieu de rien, à des dizaines de kms du plus proche village… 



Ouarzazate, c’est un peu le Hollywood du Maroc, ou c’est bien ce qu’on veut nous laisser croire. Plusieurs films américains (Gladiator, Prince of Persia, etc...) ou français (Astérix et Cléopâtre) ont été tournés ici et les sets des films sont encore debout et parfois ouverts au public..
 Notre hôtel de Ouarzazate par contre est digne de mention. Le Ryad Bouchedor est un petit oasis de bonheur en plein centre d’un quartier en construction, avec piscine et chambre spacieuse, tenu par Hassan Bouchedor, un jeune marocain tellement connu dans le milieu touristique au Maroc que mentionner seulement son nom permet d’ouvrir des portes.
Ouarzazate est une ville remise à neuf et très populaire auprès des touristes qui débarquent de leur autobus climatisé, ce qui attire du même coup tous les magouilleurs et harceleurs professionnels qui sont la plaie du Maroc… on se surprend à marcher vite pour éviter ceux qui nous suivent sans relâche et on termine une autre journée avec l’envie pressante de quitter la ville et retrouver nos agréables plaines de cailloux et de poussière. 






Les routes sont généralement belles et bien entretenues, mis à part une portion lors de notre retour du désert, où les nids-de-poule avaient l’air d’avoir été causés par une pluie de météorites, j’ai pu conduire sans soucis, sauf dans les grandes villes comme Agadir et Ouarzazate où les multiples ronds-points donnent des maux de tête à tout le monde.





Une végétation étonnante  s’installe dans le creux des vallées qui tracent le chemin jusqu’au désert. Chaque parcelle de terrain imbibé d’eau est prise d’assaut par les palmiers, les argans et cactus et le contraste avec les montagnes de roches rouilles devient le paradis des photographes. C’est au cœur d’une palmeraie fraiche de la vallée du Dadès qu’on s’installe pour une dernière nuit avant de toucher au sable du Sahara.




On nous conseillait d’arriver avant la nuit à Merzouga, parce qu’avec les tempêtes de sable fréquentes à ce temps-ci de l’année et les routes peu éclairées, on aurait pu avoir quelques problèmes à trouver notre chemin… nous sommes donc arrivés sains et saufs à l’hôtel Palais des Dunes, tenu par nul autre que le frère de Hassan Bouchedor, pour une nuit tranquille avant de partir à l’assaut des dunes du Sahara, situées tout juste de l’autre côté de la rue. 


 Les rues du centre-ville de Merzouga, aux allures de far-west...



 Le Sahara exerce toujours cette même fascination et attraction. La couleur du sable qui change avec la position du soleil, la perfection des dunes sculptées par le vent, le silence complet et l’absence de mouvement est hypnotique. J’avais le goût de m’y lancer comme Laurence d’Arabie et dire oui à une excursion jusqu'à Tombouctou, 52 jours plus loin… mais après une heure et demie à dos de dromadaire, on chante une autre chanson, celle de “on arrive-tu bientôt?”




Gillian, Spencer et Anne... avant le coucher de soleil et la tempête de sable!



Peu de temps avant d’arriver au campement, en fin de journée, nous sommes débarqués de nos montures pour escalader la plus haute dune à proximité et observer le magnifique coucher de soleil.
 C’est probablement une expérience qu’il faut vivre au moins une fois dans sa vie: regader cette grosse boule rouge se cacher derrière un horizon de sable fin… manquait juste une petite coupe de vin rosé et, pour certains touristes assis tout près, une connection internet pour ajouter sur Facebook leur nouvelle photo de profil.
 Étrangement, dès que le soleil a disparu, le vent s’est mis à souffler fort. Arrivés au campement un peu plus tard (que je n’ai pas pu photographier pour éviter les particules de sable dans l’engrenage), un assemblage de tentes bédouines collées les unes autres, nos lits durs comme une bosse de chameau et le vent persistant ne pouvaient laisser présager une nuit tout à fait reposante: les nombreux trous béants dans les murs de laine laissaient entrer des bourrasques de sable qui nous réveillaient à chaque 5 minutes. C’était plutôt comique, très tôt le matin suivant, de voir nos lits et oreillers complètement recouverts de sable, les yeux gommés et la peau poussièreuse… on a retrouvé nos dromadaires pour le retour à la civilisation peu après le lever du soleil… 
(8 jours plus tard, j’avais encore de la poussière du Sahara collée dans le creux de la tête.)
Une aventure trop courte, trop hallucinante. 
Nous étions toujours sur le pilote automatique au moment de quitter le désert, en route vers notre prochaine destination, sur le chemin du retour…


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