24 mai 2025

Emirats Arabes Unis - Abu Dhabi

Le parcours en autobus pour relier ces deux grandes villes fut moins palpitant que prévu. Je pensais avoir la chance de traverser des zones complètement dégarnies, désertiques, longeant ainsi le Golfe Persique, mais la banlieue de Dubai semble chevaucher celle d'Abu Dhabi et les commerces, centres d'achats et complexes résidentiels ne sont jamais bien loin. On longe quand même pendant plusieurs kilomètres une immense réserve boisée et clôturée où on peut apercevoir quelques chevreuils ("arabic deers" beaucoup plus petits que les nôtres), mais les parcs d'attractions et centrales pétrolières reprennent possession du paysage jusqu'à l'arrivée à Abu Dhabi, 2e plus grande ville et capitale des Émirats Arabes Unis.

À la sortie de la station d'autobus, je me demande bien dans quelle direction aller, toutes les rues sont plus moches que les autres. Des avenues bien droites, des quadrilatères qui se ressemblent, sans envergure ni originalité. J'entre dans le centre d'achat tout près pour manger quelque chose au food court du dernier étage rempli d'asiatiques (plusieurs immigrants d'origine philippine et indienne ont élu domicile ici), je prends un plat de nouilles-singapore avant d'embarquer dans un taxi pour rejoindre mon hôtel.

Une petite sieste, et je sors prendre une marche dans le quartier très commercial de Al Danah... le jour est tombé et ça circule beaucoup dans le coin. Toujours très chaud et humide, et avec cet éclairage artificiel provenant des centaines de buildings tout autour, ça me rappelle fortement Hong Kong... l'odeur aussi. Ce mélange de pollution, de vidanges, de cuisine internationale, de parfum des passants... décrit comme ça, c'est pas très vendeur, mais ça me ramène plein de bons souvenirs de mon long séjour en Chine et me rend un peu nostalgique!
Bref, pas désagréable du tout comme endroit, très vivant et authentique... le genre de quartier fréquenté non pas par la haute classe sociale des Émirats, mais par les immigrants principalement indiens et sud-asiatiques.
Je me trouve un excellent restaurant thailandais, et après un pad thai et une bière, je retourne lentement à mon hôtel pour la nuit...





La journée du lendemain était déjà organisée dans ma tête! 
Rien de moins que la visite du Louvre de Abu Dhabi!! C'est clair que je n'allais pas être déçu.
Totalement intrigué par le concept de "franchise" du Louvre se trouvant sur le bord du Golfe Persique, je me suis mis à lire sur le sujet, et les chiffres m'ont donné une idée de l'absurde richesse des Emirats Arabes Unis. (Ici, le Sheik n'est jamais sans fonds... hihihi)
D'abord, uniquement pour utiliser le nom "Louvre" jusqu'en 2047, Abu Dhabi a payé... 400 millions d'euros!
Puis, il y a la location des oeuvres d'art jusqu'en 2027 : 190 millions 
Coûts pour les expositions spéciales: 75 millions
Coûts pour le support administratif (peu importe ce que ça veut dire) : 165 millions
et, le coût de la construction du musée: presque 600 millions
 Inutile de dire que, si au début la France et le Louvre n'étaient pas chauds à l'idée, le nombre de zéros sur les chèques a du les faire rapidement changer d'idée. (Je les imagine se dire : "on va leur suggérer un montant ridicule, 400M, juste pour utiliser le nom, ils vont gueuler et nous laisser tranquilles!"... et non!... là les français doivent juste se dire, "merde! on aurait du demander plus!")
 Mais l'idée semble gagnante pour les deux partis. Le Louvre, qui ne présente que moins de 10% des oeuvres de son catalogue dans son musée de Paris, peut amplement se permettre de "louer" des oeuvres d'art qui s'empileraient de toutes façons dans ses entrepôts. Et pour Abu Dhabi qui cherche à diversifier son économie et se présenter comme un incontournable hub artistique et culturel mondial, c'est un investissement pour établir la réputation de la ville et la mettre définitivement sur la carte. 



Je ne suis pas du tout un amateur d'architecture moderne, mais je dois dire que le bâtiment extérieur lui-même est magnifique. On a l'impression de se retrouver dans un essaim, ou sous une épaisse couverture tissée, la blancheur de l'édifice se détache à merveille sur le bleu turquoise de la mer.




Et les oeuvres d'art exposées sont à couper le souffle! Un véritable cours d'histoire, c'est une traversée des grandes civilisations du monde à travers des pièces uniques et imposantes. On pourrait avoir l'impression que c'est un peu éclectique par moments, mais tout est habilement connecté par le choix des oeuvres toujours plus belles et grandioses les unes que les autres.
Je m'attendais à voir des thèmes artistiques plus proches de la vie moyen-orientale, mais j'ai été surpris d'y trouver des pièces classiques de femmes et d'hommes nus, un clash évident avec l'habituelle pudeur islamique. Signe que, réellement, le pays veut s'ouvrir et n'a pas peur de défier les conventions, quoi de mieux que l'art pour fissurer les mentalités un peu rigides? C'est très raffraichissant. 





...et il y a même un peu de nous ici!! 
 "Jacques Cartier découvre le fleuve Saint-Laurent" de Théodore Gudin (1847) 


Et bien sûr, les ambitions d'Abu Dhabi ne s'arrêtent pas au Louvre... voici le prochain Guggenheim Abu-Dhabi Museum qui sera, une fois complété, plus grand encore que l'original à New York... 


Mon passage à Abu Dhabi sera court, 2 nuits seulement... je tente donc d'optimiser mon temps ici, mais ce ne sera pas crève-coeur parce qu'il y a très peu de choses que je souhaite voir. 
Après le Louvre, je me doutais bien que tout ce que je verrais souffrirait de la comparaison, mais une visite dans un château pourrait très bien combler mon besoin de goûter à l'authentique culture arabe! 
Je prends un taxi en direction du Qasr Al Hosn (littéralement "Palais Fortifié"), le plus vieux bâtiment de Abu Dhabi, construit en 1761, qui fut la principale résidence du Sheik (et le siège officiel du gouvernement) jusqu'en 1966. 
L'endroit est très bien mis en valeur, et très agréable à parcourir. Plusieurs pièces donnent une idée du mode de vie de l'Émir et de son entourage, une décoration sobre, sans artifices, avec plusieurs ouvertures laissant habilement entrer la relative fraicheur venant du Golfe Persique tout près.





J'ai beaucoup apprécié les designs simples et épurés qu'on trouve ici et là dans le palais. J'ai acheté quelques collants (ci-dessous) ainsi qu'un porte-clé, qui feront partie des rares souvenirs que je rapporterai des Émirats. Pas question de cossins "I Love Dubai" ou "I Love Abu Dhabi", je ne peux pas me mentir non plus!








Dans quelques salles, des photos d'époques sont présentées, datant pour la plupart des années 1940 ou 1950... c'est hallucinant, surréaliste et très triste de voir la transformation des dernières décennies. 


 
Cette courte visite au Qasr m'aura fait du bien. C'est le genre d'endroit que je voulais voir, les buildings et les gratte-ciels finissent par se ressembler, peu importe où on se trouve dans le monde, et ces reliques du passé, avant que la modernité, la technologie et le gros cash viennent tout décrisser, restent des petits oasis d'authenticité qu'il est important de protéger, à défaut d'avoir pu conserver le mode de vie et les coutumes. 


Je rentre à mon hôtel, juste à temps pour voir une course de dromadaires à la tv! Hilarant. Au moins cette coutume a tenu le coup face à la modernité! 

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