22 mai 2025

Émirats Arabes Unis - Dubai

Le vol Lyon-Dubai est vide, j'ai une rangée centrale de 4 sièges pour moi tout seul, idéal pour s'allonger! J'avais hâte de goûter à nouveau au luxe de Emirates, l'une des meilleurs lignes aériennes au monde, mais comme pour Qatar Airways, je pense que la différence se ressent surtout en 1ère classe. En classe économique, les lignes se ressemblent pas mal toutes, (sauf les hôtesses de l'air qui sont toutes plus cutes sur les lignes du Golfe 😍)

Je suis surpris d'apprendre que Dubai est la 3e ville la plus fréquentée au monde, à l'inverse de Doha qui m'est apparue presqu'uniquement comme une ville de transit, Mais je ne sais pas si les chiffres incluent les voyageurs qui débarquent de leur avion pour quelques heures, en attente de leur correspondance, ou bien uniquement ceux qui quittent l'aéroport pour profiter pendant quelques jours des "attraits" de la ville. 
Car je me demande bien ce qui pourrait motiver les gens à faire un long arrêt ici, et même après mon court séjour, je me pose toujours la même question…
Parce que Dubai n'est que démesure, dénuée de charme et de cachet… le plus grand aéroport au monde, la plus haute tour au monde, le plus grand centre d'achat au monde… ça me paraît bien peu convaincant pour en faire une destination-vacances. mais un passage rapide, en route vers ailleurs, assouvit la curiosité. J'en avais tant entendu parlé et j'étais content d'y mettre enfin les pieds, et je n'insisterai pas pour y revenir.
Ayant eu une très belle expérience à Doha, au Qatar, 2 ans auparavant, je pensais y retrouver un peu de ce charme moyen-oriental, de la culture et de l'art islamique que j'apprécie beaucoup, mais Dubai n'est malheureusement rien de tout ça. Ça se veut être une "ville du monde" est on y retrouve un amalgame de n'importe quoi, n'importe où, toute construction n'est jamais trop laide pour être refusée, tout projet jamais trop inintéressant pour être rejeté.
Dubai, capitale d'un des 7 émirats arabes le plus riche, a fait d'abord fortune grâce au pétrole qui a totalement transformé le Golfe Persique au Xxe siècle. Mais aujourd'hui la ville dépend des échanges, du tourisme, de l'aviation, de l'immobilier et des services financiers. Signe que Dubai a réussi avec succès à s'éloigner du pétrole dont les revenus ne comptent plus que pour 1% du GDP.


Même s'il y avait eu plusieurs attraits majeurs, je dois dire qu'en cette saison, la chaleur intenable aurait quand même limité mes déplacements.  La piscine de mon confortable hôtel Tryp est devenu pour moi l'endroit le plus fréquenté de Dubai, ne pouvant faire autre chose que d'attendre le coucher du soleil pour aller prendre une marche dans les environs de mon hôtel. Laissant tomber la température de 45 à un tolérable 35 degrés. Mais le quartier est peu intéressant, loin de tout, je sue ma vie pour me rendre à l'épicerie,  je cours d'un endroit climatisé à l'autre, et je me réfugie au bar de l'hôtel (le Haze Lounge) pour siroter quelques drinks sans alcool. Dans les pays du Golfe, l'alcool est proscrit et se trouve nulle part, sauf dans les bars des hôtels, et je profite de ces limitations pour prendre une pause, nécessaire et bienvenue après deux mois d'excès et de débauche sur les chemins européens!


J'ai le nez collé à la vitre du superbe métro extérieur qui relie en 30 minutes mon hôtel au centre-ville, et j'attends impatiemment d'avoir un coup de coeur qui ne vient pas. Une suite d'édifices, de commerces et de centre d'achats sans fin. On cherche un brin de culture arabe, mais c'est peine perdue. Que du béton, de la vitre et du fake. Je me dis qu'après 2 mois à arpenter la France et l'Italie, je suis peut-être juste blasé. Difficile pour n'importe quelle ville du monde de compétitionner avec la beauté des villes millénaires européennes. Je dois garder l'esprit ouvert.

Le plus grand centre d'achat au monde, le Dubai Mall se trouve au pied du Burj Khalifa, la tour la plus haute au monde. Mais voyant la mer de smog qui nous entoure, je doute que ça vaille la peine de me rendre tout en haut en quête d'un panorama. J'arpente donc les kilomètres du centre d'achat, et je me demande rapidement ce que je fous ici. Toutes les grandes marques s'y trouvent et je ne pourrais m'en câlisser plus que ça. Deux vendeuses de produits de la peau m'interpellent, et me vantent une crème pour le visage qu'elle appliquent sur le dessus de la main. Après l'avoir frottée, elle essuie ma main avec un cotton qui ressort tout noirci, l'une d'elles me dit "Imagine ta face!"

Je suis sauvé par l'appel à la prière qui résonne dans tout le centre d'achat. Le summum de l'ironie.

 Je repense à Wilfred Thesiger, un des derniers grands explorateurs du 20e siècle, grand amoureux du désert et du mode de vie bédouin, et le premier à avoir traversé le fameux Empty Quarter, ce désert réputé infranchissable, du temps où les tribus bédouines géraient la région. À cette époque, on faisait du commerce entre tribus, certains s'enrichissaient grâce au marché de l'encens et de la perle qu'on trouvait dans les profondeurs du Golfe. Il y eut une longue période de chèvres maigres quand l'industrie fut anéantie par la concurrence avec les pays asiatiques… puis on commença à parler de l'or noir, et ce fut le début de la fin. En quelques décennies, grâce au pétrole, les bédouins avaient échangé leur chameau pour des Rolls Royce, et leur mode de vie millénaire disparut en un éclair. Le britannique Thesiger ne pu rien faire d'autre qu'être le témoin impuissant de cette transformation sans retour, maudissant les nouvelles technologies et la modernité.

Mais c'est facile à dire, quand on n'est qu'un visiteur ou un observateur. Le pétrole aura quand même contribué à sortir des milliers de nomades d'une vie de misère, de sécheresse et de chaleur intenable pour en faire des citoyens d'un des pays les plus riches de la planète. Thesiger pouvait adorer l'Arabie, mais il avait toujours le luxe de retourner dans le confort de son Angleterre pendant les grandes chaleurs persiques.

 Mais je pense que l'attrait de l'argent fait son temps. On s'enrichit, on s'entoure de tous les produits de consommation imaginables, puis l'absence d'âme et de profondeur, le vide finissent par se faire sentir.  Comme j'ai pu le constater en Chine, où tout a été démoli pour faire place au moderne et à l'expansion et à la croissance, la nostalgie s'immisce lentement, on cherche à reconnecter avec ses racines et faire revivre ses traditions oubliées. Redonner un souffle à un mode de vie perdu en reconstruisant des quartiers complets à la manière d'antan.


J'aime beaucoup cette photo prise tout près de mon hôtel... ça représente clairement comment je me sens ici! 



 À Dubai, c'est dans le quartier Al Seef qu'on retrouve une touche de mode de vie ancestral. Bien qu'il soit totalement reconstruit, son côté Disneyland fait quand même la job. Une manière d'échapper à l'exubérance du Dubai moderne… mais bon, on n'échappe pas à l'esprit de consommation, ça a quand même été fait pour plaire aux touristes et les dizaines de boutiques de cossins sont là pour nous le rappeler. Ça sent la basse saison touristique car je suis un des rares visiteurs en ce milieu d'après-midi et les nombreux vendeurs s'aggrippent à moi comme à une bouée leur permettant de sauver leur maigre journée. Très différent du Souk Waqif à Doha où les commerçants te laissent tranquilles, je retrouve ici la folie étourdissante des souks du Maghreb. Mais ça reste très plaisant, sous les auvents qui assombrissent les ruelles et qui rendent la canicule tolérable. Je m'achète deux petits bracelets pour 1$ chaque, (faudrait quand même que je rapporte quelque chose… vraiment?) et après avoir payé, le proprio sort aussitôt de son bureau pour tenter de me vendre un bracelet vingt fois plus cher, supposément fait de pierres volcaniques… déjà satisfait de mon achat, je le remercie quand même avant de quitter…  je pense que le jeune vendeur se fera engueuler d'avoir laissé passer une proie pareille en me vendant des petites pacotilles!

Le Al Fahidi Historical District juste à côté est autre chose. Avec ses musées, cafés et jolies boutiques, je me demande si tout est un prolongement "fake" du Al Seef mais la proprio anglaise d'une gallerie d'art m'assure que les bâtiments ici sont d'origine. Malgré les constructions et rénovations qui bloquent la majorité des rues lors de mon passage, je pense que les améliorations vaudront le détour, si un jour je me trouve forçé de refaire un arrêt à Dubai





Le Qahwa, le café traditionnel, qui goûte la cardamome mais avec beaucoup d'amertume (heureusement servi avec des dattes)

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