
Je quitte Muscat sur les ailes d'Air Arabia, qui fait jouer une longue prière après les consignes de sécurité. Chose que je trouve un peu lugubre, mais bon… j'atterris à l'aéroport de Sharjah, situé tout près de celui de Dubai.
De retour aux Émirats Arabes Unis, mais uniquement pour moins de 24h car je prendrai mon vol le lendemain matin vers Shanghai.
Sharjah est en fait la capitale d'un autre des sept émirats qui forment les Émirats Arabes Unis, mais dont l'ampleur n'arrive pas à la cheville de Dubai. Au contraire, étant tout près, on dirait qu'elle vit dans son ombre, comme une vaste banlieue qui s'est développée grâce au succès de sa grande voisine. C'est une ville très peu attirante (moins que Dubai, c'est tout dire!) mais comme je la considère comme une courte escale, je n'ai pas trop d'attentes. J'ai quand même un après-midi pour l'explorer et lui donner sa chance!
Quoi de mieux qu'un bon bain de culture pour commencer ma visite d'une ville. Le Musée de la Civilisation Islamique est grandiose. On couvre vraiment tout ce qui entoure l'Islam depuis son adoption comme religion, dans toutes les sphères imaginables. Non seulement au niveau culturel et social, mais littéraire, architectural et surtout scientifique... on tend à oublier que les musulmans de l'ère médiévale avaient une avance considérable sur les pays occidentaux en ce qui touche l'ingénierie, la médecine, les mathématiques, (les mots français "algèbre" et "chiffre" viennent d'ailleurs de l'arabe "al-jabr" et "sifr")
Une emphase importante est mise sur les différentes éditions du Coran, certaines versions plus colorées et travaillées que d'autres au fil des siècles, mais mon ignorance absolue du script arabe m'empêche d'apprécier pleinement les centaines d'oeuvres présentées, je vais donc traverser plusieurs salles d'exposition assez rapidement.
Je sors dans l'habituelle grande chaleur d'après-midi pour tenter de marcher un peu le long de la corniche qui offre un peu d'espace et un panorama sur les nombreux développements immobiliers en cours. La vue vers l'autre rive du Khalid Lake est plutôt industrielle et peu intéressante, mais c'est quand même possible de faire une petite croisière à bord d'un dhow, ce voilier traditionnel arabe en bois... mais même sur l'eau j'aurais eu l'impression de cuire sur le ponton, alors je me suis abstenu!

Je me retrouve donc aux portes d'un autre musée, le Sharjah Art Museum.
Très hétéroclite, donnant un peu trop d'espace à l'art abstrait ou moderne, et toutes les horreurs que cette appellation peut regrouper. Le Moyen-Orient n'est pas épargné: comme dans le reste du monde, l'art contemporain est plutôt permissif et valorise tout type de bricolage qui fait preuve d'un manque flagrant d'esthétisme, de cohérence, de bon goût, de maturité ou carrément de talent.
Je traverse rapidement plusieurs salles pour m'attarder, heureusement dans celles où sont présentées des oeuvres plus figuratives, inspirées du mouvement orientaliste du 19e siècle. Des peintres européens n'ont cessé d'être inspiré par l'explosion de couleurs et de textures du monde arabe, et c'est intéressant de connaitre les peintres arabes locaux qui se sont inspirés de ces grands maitres occidentaux et qui ont même étudié dans les grandes écoles d'art européennes au siècle dernier, pour ensuite marier ces techniques à l'esthétisme arabe.
photo: bayut.com
photo: bayut.com
El Azhar University, Cairo (1890) - Ludwig Deutsch
Market Place, Morocco (1888) - Ferencz Franz Eisenhut
Memories (1998) - Abdul Qader Al Rais
magnifique maitrise de la couleur pour représenter les contrastes du désert moyen-oriental.
photo: google maps
À ma sortie, je me retrouve dans le mouvement et l'achalandage d'une fin de journée, et dans un secteur très peu intéressant à parcourir à pied. Très commercial, aux vastes artères routières, bordées d'innombrables vitrines de textiles et de vêtements, dont le très coloré marché Al Ghuwair où on peut s'habiller de la tête au pied, dans tous les styles imaginables.
Je m'arrêterai pour un kebab et prendrai un taxi en direction de mon hôtel en début de soirée.
photo: google maps
On croyait tous que mon aventure à Sharjah allait se terminer ainsi?
Et bien non!
Le lendemain matin, même si je suis parti de mon hôtel 3h avant mon vol, le tabarnak de trafic était tellement dense que je suis arrivé en retard à l'aéroport de Dubai et j'ai manqué mon avion!!… 😡
Fucking Sharjah!
Cette ostie de ville laide qui ne semble pas voir l'avantage d'avoir un système de transport en commun préfère être congestionnée à longueur de journée et je me retrouve donc, comme un con, à devoir m'acheter un autre billet pour me rendre à Shanghai, le lendemain matin.
Je dois m'arrêter pour respirer un bon coup, me calmer pour ne pas varger sur quelque chose tellement j'étais en maudit.
Je m'en sors pas trop mal. 375$ pour un nouveau billet sur Emirates. Mais je perds bien sûr une nuit dans ma chambre louée à Shanghai le soir même et je dois maintenant trouver un hôtel pour la nuit, le plus proche possible de l'aéroport de Dubai pour ne pas risquer de rester une journée de plus dans cette criss de ville!!
Pas question de m'éloigner pour faire le touriste tout l'après-midi à Dubai ou Sharjah, l'hôtel que je trouve a une piscine, au bord de laquelle je trainerai, tentant de retrouver ce calme et cette zénitude que je semble avoir laissés quelque part, sur un sentier en Toscane!
Mais en rétrospective, je tire des leçons...
J'adore arriver dans un endroit et me laisser imprégner, improviser mon itinéraire une fois sur place, mais certaines destinations nécessitent une solide préparation. Il faut parfois savoir un peu mieux où aller, quoi voir et quoi éviter. Je me suis retrouvé aux Émirats (et à Oman) sans organisation, et dans une mauvaise période de l'année, où les températures sont si élevées qu'on est limité aux attraits touristiques climatisés... mon objectif était de voir les espaces désertiques que j'affectionne tant, marcher sur des dunes de sable beige et perdre complètement de vue l'horizon, mais pour ça, je devrai revenir à un autre moment. Je voulais que les arrêts obligés dans les grandes villes me permettent d'apprécier les subtilités culturelles et historiques, mais j'aurai eu besoin d'un trajet qui m'aide à contourner les centres d'achats et les affreux développements immobiliers (ce qui n'est pas chose facile dans ce pays)...
Mais bon, je l'aurai vu! Et je suis content d'y avoir mis les pieds! Et on verra si la prochaine occasion ouvrira la porte à une réconciliation!















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