18 avr. 2025

VF 10 - Gallina à Radicofani

Frais comme une rose, en ce vendredi saint. Je m'attendais à des démonstrations religieuses plus marquées, surtout dans ce pays très catholique, mais j'aurais pu passer la journée sans savoir que Pâques approchait.
Le temps reste nuageux, mais le soleil persiste, et réussit à repousser la pluie. Ça n'empêche pas les sentiers d'être plutôt boueux et mouillés par endroits, et certains cours d'eau sont tellement hauts et débordants qu'ils recouvrent le chemin, et je dois enlever mes souliers pour traverser nu-pieds. Je croise un couple d'asiatiques venant en sens inverse qui me dit que le sentier est infranchissable à cause des crues, que je dois contourner en passant par la route, etc... pfff... c'est pas une rivière un peu haute qui m'arrêtera! En fait, je reste même plus longtemps les pieds dans l'eau à apprécier la fraicheur, ça n'en prendrait pas tellement plus pour que je me baigne!


À un moment, un chemin "alternatif" est proposé, réputé très difficile, qui mène tout en haut à l'Abbadia San Salvatore, près du village de Campiglia d'Orcia... je réfléchis, mais je m'en tiens finalement au camino "officiel" qui longe la vallée et le Torrente Formone, déjà suffisamment exigeant pour mes petites pattes. 


Radicofani! Une bonne grimpe sur chemin vaseux pour l'atteindre... je me serais cru revenir 500 ans en arrière, en fait j'aime croire que je goûte parfois au feeling vécu par les premiers pélerins de l'ère médiévale quand je me retrouve dans des régions complètement désertes, aux chemins à peine esquissés. À différence près que je termine chaque journée dans un bon lit douillet... après une douche, une pizza et une couple de verres de chianti!
 Le village est tranquille et presque désert, toujours aussi étonnant en cette journée fériée... je m'attendais à ce que les italiens sortent et aillent visiter les plus beaux sites de leur région... peut-être que le temps incertain en a découragé plus d'un.


Je me retrouve encore une fois dans un superbe appartement, une grande chambre avec vue sur les montagnes... un logement que je partage avec un couple de suisses dans la mi-soixantaine faisant la traversée est-ouest de l'Italie en vélo. Comme on a accès à une cuisine, ils m'invitent à partager leur souper. Annette propose des pâtes-sauce tomate, et Christian ira chercher un morceau d'agneau à la macelleria d'à côté, qu'il nous servira avec des épinards... (j'irai chercher une bonne bouteille de chianti au resto de la piazza centrale) 
On passe un très belle soirée à jaser d'un paquet de trucs... passant de leur très inspirante épopée en vélo, à l'efficacité des sites de rencontres (ils se sont trouvés sur Tinder il y a 3 ans!) 
Je dis que je souhaite la solitude et la tranquilité sur le sentier, c'est toujours vrai, mais j'apprécie énormément les rencontres de fins de journées où, assis devant une bonne table, j'échange avec des gens qui ont des vies souvent très différentes de la mienne, mais avec qui je partage ce goût de la découverte et de l'aventure, et cet amour inconditionnel pour les bonnes et belles choses que l'Italie a à offrir! 
 Un peu avant le souper, je recroiserai un duo d'américaines rencontrées plus tôt sur le camino (toujours cette étrange vibe quand je dis aux américains que je suis canadien... "we're the good ones" qu'ils précisent toujours, en réaction à l'acharnement tarifaire de Trump envers le Canada)... elles me parlent de leur traversée de l'Angleterre, l'année précédente, suivant la frontière avec l'Écosse... c'est hyper inspirant, d'autant plus que Paul (un canadien que je croise régulièrement aussi) m'a dit avoir fait le même parcours il y a quelques années et était totalement enchanté... et chose étonnante: la température n'est pas aussi pluvieuse qu'on peut le penser. 
 Je pensais rayer mon expérience sur la Via Francigena de ma bucket list, mais vla-tu pas qu'il se rajoute encore des choses à faire! On n'en finit pas! 

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