Après une journée de congé, j'ai vraiment hâte de me remettre en marche! C'est fou comment ça peut être addictif. J'avais tendance à me moquer un peu des coureurs qui pensent au prochain marathon, un peu comme avoir hâte à la prochaine session de torture, mais il y a clairement une solide dose de dopamine qui émerge de l'effort physique constant et répété. Le corps se trouve dans un momentum où il semble chercher à forcer et à suer, ce qui se traduit mentalement par une grande satisfaction! J'expliquais cet état aussi, en partie, par l'envie de découvrir et d'explorer des nouvelle régions, cette anticipation d'être devant d'autres paysages grandioses... ça me semble suffisant pour se redonner de l'énergie et rembarquer sur la Via!
Les premiers kilomètres à la sortie de mon hôtel sont un peu stressants. Pas de sentier et pas non plus d'espace sur le bord de la route pour marcher. J'avance sur une rue à plusieurs virages et je dois penser aux voitures qui arrivent à toute vitesse… encore une fois, il faudrait faire pression sur les élus pour qu'un chemin sécuritaire soit mis en place, parce que là, on attend juste qu'un accident fasse bouger les choses.
Heureusement, après cet épisode, c'est sur un chemin de terre qu'on marche pendant une bonne partie de la matinée, entourée d'oliveraies et de champs de blé… le type de chemin bucolique sur lequel je marcherais sans problème pendant des mois. C'est bizarre de savoir que j'approche de Rome, j'y serai dans 48h, et je m'attends toujours à traverser une banlieue bien achalandée (surtout que la prochaine étape se nomme "Campagnano di Roma", qui sonne comme "campagne de Rome", ou banlieue!), mais j'aurai toujours de l'espace pendant encore une longue période. Je sens que la campagne va me manquer car je risque de me retrouver uniquement dans des grandes villes d'ici la fin de mon voyage, mais pour l'instant, je profite de chaque minute de silence et de verdure!
Je n'aurai croisé, ou dépassé, aucun marcheur de la journée! Le camino presqu'à moi tout seul. Sauf passé Monterosi où je vois des gens à cheval, puis à vélo, mais rien de tout ça quand je prends le très étroit sentier qui était jadis la Via Amerina (un chemin datant du 3e siècle avant J-C… je ne sais pas si les pierres toujours au sol datent de cette époque, mais elles sont encore incroyablement bien positionnées), un chemin qui semble abandonné, aux herbes très hautes, aux branches d'arbre très basses, et manquant souvent d'indications… je dois regarder régulièrement mon gps pour m'assurer que je ne me suis pas écarté… mais c'est tellement le fun d'être en plein milieu de nulle part comme ça, j'ai l'impression de défricher en partie le camino pour les prochains marcheurs.
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