6 oct. 2008

Starbucks et taches à marde

Jour de congé, c’est le Chung Yeung Festival. Pendant que les Hongkies envahissent les sentiers et les montagnes pour rendre hommage à leurs ancêtres (allumer des cierges, mal les éteindre et enflammer les aires protégées. fun!), je décide de profiter de ce congé férié pour m'adonner au sport national hongkongais: magasiner.

Franchir la porte de mon rez-de-chaussée, les yeux encore à moitié fermés, descendre Canton Road, comme pré-programmé, espérant que rien ne me barrera la route jusqu’au Starbucks, où je pourrai m’asseoir tranquille et savourer un venti latté bien corsé.


« Hey dude! I’m lost man, where am i?” me demande un occidental en sortant sa carte routière à moitié écrasée de sa poche kangourou. (C’est cool, quand un touriste te demande son chemin et que tu peux lui répondre, t'es comme fier parce que c’est signe que tu commences à t’intégrer pas pire… )
Jamie est un jeune british d'environ 30 ans, pas trop l'air en santé, et assez difficile à comprendre (surtout avec la bouche ramollie par une nuit blanche et (de toute évidence) par plus de 40 onces de whisky). D’habitude, je peux décoder quelqu'un par son expression faciale, arriver à le comprendre en lisant les traits du visage, mais Jamie était aussi expressif que sa bouteille de Red Label à moitié vide, malhabilement cachée elle aussi dans sa poche ventrale.
Par contre, j’ai très vite compris qu’il n’allait pas vraiment quelque part, il voulait juste tuer le temps, me pomper l’air (une denrée déjà assez rare à Hong Kong) et jaser avec quelqu’un. Il m’a donc suivi malgré moi jusqu’au Starbucks, et je me suis senti obligé de lui offrir un café.
Ceux qui me connaissent savent que je donne jamais une cenne aux mendiants ni aux itinérants... mais les touristes anglais bien pactés à 8h du matin, eux, attirent ma sympathie et méritent un latté à 4$.
On s’est assis et on a commencé à jaser. Ou plutôt, IL a commencé à placoter, mes seules interventions se limitant à « what? » ou « say that again? »…
Je pense qu’il me trouvait cool, jusqu’au moment où j’ai refusé qu’il verse du whisky dans mon café… shit, je pouvais lire la déception et l’incompréhension sur son visage. Après s’être bourré la gueule si souvent avec des chums sud-africains, australiens, néo-zélandais et canadiens, il devait me trouver indigne de faire partie du commonwealth.
Après 1h, il n’avait toujours pas fini son latté, et j’étais toujours incapable de comprendre où il allait, qu’est-ce qu’il faisait ici, combien de temps il pensait rester à HK, etc… Chaque fois que je lui posais une question, il répondait comme un 33 tours qu’on fait jouer à l’envers, je comprenais rien.
Puis, il s’est soudainement levé, comme quelqu’un qui vient de se rappeler un rendez-vous, m’a serré la main, presque ému « it was very nice to meet you man »… faisant le « peace sign » en se cognant le poing sur la poitrine, (comme Céline Dion quand elle chante « the Power of Love»). Il a presque déboulé les marches et a disparu.
Heille! Je venais de me faire un ami!
Y a du monde, je te jure... Ils n’attendent pas de réponses, ils veulent pas savoir qui tu es, ils veulent pas ton opinion, ils s’en sacrent… il cherchent simplement à se vider la tête de toutes ses idées bizarres et insensées, comme si le cerveau sortait ses vidanges et venait les mettre sur ton balcon...
C'est vraiment ça!! Certains veulent ton argent, d’autres veulent ta blonde, mais d’autres veulent tout simplement ton temps… je me sacre des deux premiers (j’en ai pas, anyway), mais touche pas à mon temps, asti! C’est ma plus grande richesse!!!

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Hey ti-gars hilarant tes textes!!!
J'ai bien riz (joke parce que t'es en Chine que je l'ecris de-meme t'as catches-tu?)
Ca a de l'air apaisant le yoga.

David P.