27 mars 2025

Beaux Villages de France - Lavoûte-Chilhac, Lavaudieu et Blesle









Quel froid au réveil, avoisinant les 3 degrés.... je me suis demandé si je ne devrais pas ressortir mes jeans mais j'étais déjà en route... tant pis pour les jambes, elles ont vu pire!

Les trois sites aujourd'hui sont très proches les uns des autres, donc je n'ai pas fait trop de route à travers le département de la Haute-Loire, passant surtout à travers champs et petits boisés déserts. Lavoûte-Chilhac apparait soudainement au fond de sa vallée, situé dans une tête d'épingle formée par l'Allier, une rivière plutôt active et bien gonflée par les crues printanières. Le village semble être prêt à tout débordement, l'eau peut monter sans faire de dommages, les rangées de maisons qui bordent sont construites en hauteur, et le lit de la rivière est assez vaste pour les grosses fontes de neige. 
 Je traverse le superbe petit pont pour me retrouver dans un secteur du village plutôt vivant et agité, avec même un café ouvert! (une rareté à ce moment-ci de l'année!)


Je m'asseois au Café de la Tour, et un monsieur vient s'asseoir tout prêt. On commence à jaser. Médecin-retraité, il est passionné de photo et fait le tour de la France en quête d'intérieurs d'église à photographier. Il vit dans l'ancien prieuré, collé sur l'église, et semble connaitre tout le monde au village, y compris la femme du maire qui vient tout juste d'entrer et qu'il me présente. Il me dit que le maire a fait des pieds et des mains pour préserver, ou obtenir, un bureau de poste ou un guichet ATM.
 Justement, de l'autre côté du pont, j'ai vu 3-4 commerces fermés... épicerie, mercerie, boucherie, et même un sabotier!
 "La bouchère est retraitée depuis longtemps, elle a 101 ans maintenant!"
 "Et il n'y a pas d'épicerie non plus dans le village?" que je demande.
 "Ha l'épicerie! C'est un sujet délicat!"
 Toujours un problème de manque de main d'oeuvre, de manque de relève, et de développement de nouvelles habitudes... comme partout, on préfère aller faire ses achats dans les grandes surfaces, et c'est l'âme des petits villages comme celui-ci qui disparait.
 Le café se remplit bientôt de personnes âgées, on s'étonne de me voir en short... mais quand ils apprennent que je suis canadien, ça semble tout expliquer et excuser.
 Mais je vois alors deux jeunes cyclistes faire leur entrée, leur bagage et équipement de camping accrochés aux vélos, et je me dis que j'ai des croûtes à manger pour être un vrai aventurier! Je n'aurais pas voulu me réveiller ce matin dans cette froideur humide, et je suis rassuré de savoir que le confort de mon IBIS à Issoire m'attend ce soir.


Tant de boutiques fermées, reliques d'une autre époque.


Je fais le grand tour de Lavoûte-Chilhac et j'aime beaucoup cet endroit, j'aime son esprit de commune, l'ambiance générale, même si le village se trouve dans une cuve froide et humide. Par curiosité, je me suis mis à regarder les maisons à vendre, juste avoir une idée des prix... sans apercevoir l'intérieur, je passe devant une maison évaluée à 30 000 euros sur la Route de Paulhaguet qui longe l'Allier, avec une vue sur la rivière... bon, y a pas de terrain, ni de balcon, mais quelle aubaine quand même! Je ferai souvent cet exercice pendant mon voyage: deviner le prix des maisons, domaines, petites fermes, et chaque fois mon estimé est bien au-dessus du prix réel. Le rêve de posséder son propre logement de rêve dans un ville de France ou d'Italie est bel et bien à portée de main!





Je repasse le pont pour faire le tour de l'Allier à pied par l'autre rive et je rejoins le village de Saint-Cirgues tout près, que m'avait vanté mon nouvel ami médecin-photographe... "Les fresques au plafond de l'église sont magnifiques!" et c'est bel et bien le cas! Longtemps cachées derrière une bonne couche de plâtre, ça a eu l'effet de les préserver!





Minuscule village dont on fait rapidement le tour. De presque 900 habitants au milieu du XIXe siècle, on est passé à 250, mais il donne l'impression en ce mois de mars d'y avoir seulement 5-10 villageois... tout est fermé! Je rage un peu en cherchant des toilettes publiques qui sont elles aussi condamnées (les touristes ne pissent pas au printemps?)
N'empêche qu'il a son charme intouché depuis des siècles. Comme pour plusieurs autres villages, le prieuré de l'Abbaye a été démantelé après la révolution, et une bonne partie de son cloître a été divisé parmi les paysans et transformé en étable. 


L'Abbaye Saint-André. Le village est si petit que je peux difficilement prendre une photo sans inclure son clocher!


Rivière La Senouire 




Je suis toujours curieux de voir comment ces petits villages millénaires font pour survivre, comment ils attirent les nouveaux habitants (ou retiennent ceux qui y sont déjà). On serait tenté de prendre pour acquis que vivre dans un village médiéval français, historiquement riche, est suffisant pour au moins maintenir sa démographie, c'est un peu comme vivre dans un musée à ciel ouvert, entouré de beauté 24h par jour... mais ça ne semble pas convaincre tout le monde, loin de là. Surtout qu'en France, comparé au Québec, les distances ne sont pas si immenses. On est toujours à moins d'une heure d'un grand centre ville, ce qui n'est pas le cas chez nous. Mais je pense que ces village tombent dans le cercle vicieux d'être perçus comme des dortoirs paisibles habités par des personnes âgées, ce qui éloigne la jeunesse qui cherche des endroits plus dynamiques et la proximité des centres d'événements culturels. Peut-être qu'on y revient seulement à la retraite quand on cherche la tranquillité et le calme pour finir ses jours. 
Comme tant d'autres communes, Blesle était effervescente à la première moitié du XIXe siècle, avec des industries variées telles le tannage et le tissage, l'extraction de minerais, mais ironiquement, l'arrivée d'un chemin de fer à proximité a précipité l'exode rural plutôt que de contribuer à énergiser et diversifier son économie. 
Aujourd'hui, ces villages comptent beaucoup sur le tourisme, et figurer sur la liste des Plus Beaux Villages de France donne un sérieux coup de pouce à l'économie locale.


L'Église St-Pierre


Blesle est traversée par un petit ruisseau appelé "Le Merdan"... je ne veux pas savoir d'où il prend son nom! 

Aucun commentaire: